Le fossé entre les travailleurs de l'unité Aïssat Idir du groupe Eriad Alger et le repreneur, le groupe La Belle, se creuse de plus en plus avec la convocation, par la justice, de huit employés dont deux syndicalistes. Une plainte pour insultes a été déposée contre ces derniers par le groupe privé auquel se sont joints la directrice générale du groupe Eriad ainsi que le directeur général de la filiale Beni Mezghena. Il est également reproché aux huit employés d'inciter le personnel à ne pas reprendre le travail dans l'unité dont le groupe La Belle est propriétaire officiellement depuis mars dernier. La tension est donc montée d'un cran hier dans ce conflit, à telle enseigne que les employés ne veulent plus entendre parler du repreneur qui a pourtant eu l'aval du Conseil des participations de l'Etat (CPE). Les travailleurs persistent à dire qu'il y a eu vice de procédure dans l'opération de cession de leur unité. L'outil de travail et le patrimoine foncier de l'unité Aïssat Idir de la filiale Beni Mezghena du groupe Eriad Alger ont été vendus pour une bouchée de pain, soutiennent-ils. « Notre entreprise a été cédée pour 14 milliards de centimes, alors que le foncier de l'unité de Corso a été vendu pour 30 milliards de centimes. Le matériel est neuf et est certifié, alors qu'il a été présenté comme étant vétuste afin d'amoindrir le montant de la vente », affirmera à ce propos l'un des employés qui a requis l'anonymat par peur de représailles. L'unité Aïssat Idir détient sur des clients des créances d'un montant de plus de 100 milliards de centimes, relève la même source. Les travailleurs revendiquent d'ailleurs qu'une enquête soit ouverte par la brigade économique de la police ou de la Gendarmerie nationale sur les finances de cette entité. Ils feront savoir que le collectif des employés a fait opposition à cette opération auprès de la justice et attend sa décision. Toutes nos tentatives de joindre le manager du groupe La Belle, Hamid Dahmani, pour avoir sa version des faits ont été vaines. La directrice du groupe Eriad Alger, Djamila Ikhenèche, avait indiqué dans une déclaration à El Watan au début du mois en cours que deux appels d'offres, le 15 janvier et le 18 novembre 2005, ont été infructueux. Elle avait signalé qu'il y a eu par la suite manifestation d'intérêt du groupe La Belle avec lequel la SGP céréales a négocié pendant une année. « Nous avons respecté la procédure de bout en bout. La décision de cession a été prise par l'Etat algérien », avait dit la même source. D'après elle, les travailleurs ont été associés à cette opération et semblaient satisfaits. « Nous avons fait plusieurs séances de travail avec eux et la coordination syndicale a validé l'opération de privatisation pour le compte du groupe La Belle », avait-elle insisté. La transaction réalisée avec le groupe acquéreur est, selon elle, un bon deal, du moment qu'il s'est engagé à non seulement maintenir l'ensemble de l'effectif estimé à 151 employés, à réintégrer plus d'une centaine d'autres et à créer une centaine de nouveaux emplois, ramenant le personnel à 389 personnes en cinq ans. Selon les travailleurs, les responsables du groupe La Belle les ont informés qu'ils allaient faire appel à la force publique aujourd'hui pour s'approprier de façon effective l'unité.