Rien ne va plus à l'unité Aïssat Idir de la filiale Beni Mezghena d'Eriad Alger. On ne peut en effet qualifier l'opération de privatisation de cette unité de success story au vu de la tournure que prennent les choses, six mois après sa cession au groupe privé La Belle. Les pourparlers entre ce dernier et le collectif des travailleurs prenaient hier les allures d'un dialogue de sourds. Les deux parties campent sur leurs positions. Les représentants du groupe La Belle ont réussi hier à s'introduire dans l'administration de l'entreprise en faisant intervenir les services de sécurité. Ils en avaient jusque-là été empêchés par les dizaines de travailleurs qui ont énergiquement protesté contre la reprise de leur unité par cet opérateur de l'agroalimentaire. Ils étaient décidés à fermer les portes de l'unité au nez des représentants du groupe La Belle qui faisaient une énième tentative de prendre possession des lieux. La ténacité des employés a fléchi devant les agents de la police judiciaire venus en force pour mettre à exécution la décision du Conseil des participations de l'Etat (CPE) de céder une partie de la filiale Beni Mezghena au groupe La Belle. Deux employés ont été arrêtés puis relâchés. L'avocat du collectif des travailleurs a été reçu hier par Djilali Dahmani, l'un des managers du groupe La Belle, auquel il a soumis les conditions des employés. Les négociations houleuses n'ont pas abouti à un compromis. D'ailleurs, il régnait dans l'après-midi d'hier une tension palpable entre les deux parties au siège de cette unité à El Harrach. Les chances de réussite des tentatives de négociation pour trouver une issue à ce conflit semblent minces. Le désaccord entre les représentants du groupe La Belle et les travailleurs a vraisemblablement atteint un point de non-retour. Les deux parties se sont échangé hier des propos crus qui n'augurent rien de bon pour la suite des négociations entamées sous l'impulsion de la direction générale du groupe public Eriad Alger. Le collectif des travailleurs attend la décision de la justice qu'il a saisie pour, entre autres, détournement de deniers publics, fausses déclarations, faux et usage de faux et ne veut plus entendre parler du repreneur. La plainte a été déposée contre le président et les membres statutaires du conseil d'administration du groupe Eriad Alger et le gérant du groupe Les Grands Moulins Dahmani La Belle. Les travailleurs sont convaincus du bien-fondé de leur démarche en se basant sur le fait que plusieurs anomalies ont entaché l'opération de cession du patrimoine de cette unité. « Comment peut-on céder une entreprise publique dont rien que le foncier est estimé à plus de 6000 m2 et dont l'outil de production est neuf et certifié iso pour le prix d'une villa, à savoir 14 milliards de centimes ? », s'interrogent-ils. Le contrat de vente ne mentionne que l'ancien moulin qui est dans un état de vétusté avancé, d'où le prix bas de la transaction, soulignent-ils. Ils demandent de ce fait une expertise pour une réévaluation du patrimoine de l'unité. Ils revendiquent également le payement des arriérés des salaires qu'ils n'ont pas perçus depuis le mois de mars dernier.