Pour une raison qui échappe au commun des consommateurs, certains boulangers ont décidé d'augmenter le prix de la baguette de pain de 2,50 dinars, passant ainsi de 7,50 à 10 dinars pour un pain ordinaire, avons-nous relevé dans plusieurs boulangeries. Le prix d'une baguette de pain amélioré fixé par l'Etat à 8,50 est passé, lui aussi, à 10 dinars, soit une augmentation de 1,50 dinars alors que la farine panifiable est soutenue par l'Etat. « C'est à vous donner le tournis devant cette débauche de prix insensée. On ne sait plus qui fait quoi et qui décide de ces augmentations intempestives », s'écrient des clients visiblement déboussolés. Dans d'autres boulangeries, le prix de ces deux pains a été « légèrement » augmenté de respectivement 1,50 et 1 dinars par les boulangers « qui ne veulent pas brusquer les choses ». Pour justifier cet état de fait, des boulangers affirment que le prix d'une baguette de pain ordinaire leur revient à 11,50 dinars à la sortie de la boulangerie. Pourtant sévèrement contrôlé par l'Etat, le prix du pain semble suivre l'évolution de la flambée du prix du blé à l'importation. Explications fournies par un boulanger pour justifier l'augmentation du pain : « Si l'Etat soutient le blé et la farine panifiable, il ne faut pas perdre de vue que les autres produits composant la confection d'un pain ont connu une hausse vertigineuse », affirme-t-il placide. Notre interlocuteur énumère les hausses substantielles du prix de la levure, de l'eau, de l'électricité, du gasoil et des charges fiscales. « Pourquoi l'Etat ne tient-il pas compte de ces augmentations subites qui ne répondent à aucune logique en matière de commercialisation ? », s'interrogent des boulangers du marché de la rue de la Bastille. Dénonciation Des citoyens que nous avons rencontrés déclarent qu'ils en ont cure de cette situation qui frise le cocasse. « Pour le moment, on se creuse les méninges pour comprendre comment la pomme de terre a atteint le seuil de 80 dinars. Son prix est équivalent à celui d'un kilo de bananes. Quant au pain qu'on veut nous ôter de la bouche, il sera bientôt remplacé par les croissants ou les pains au chocolat », ironisent-ils, mi goguenards mi acerbes. M. Naceri, président de la section des boulangers de la wilaya d'Oran, a vigoureusement dénoncé la hausse du prix de la « baguette magique ». Même s'il décrie cette situation, il n'en demeure pas mois que, pour M. Naceri, les arguments sont tout autre. Selon lui, toute augmentation non officielle sera immanquablement suivie de sanctions par la direction de la Concurrence et des Prix (DCP), seule instance habilitée en la matière. Dans le même contexte, notre interlocuteur souligne qu'aucun manquement à la réglementation ne sera toléré par la corporation des boulangers à l'encontre des « collègues » contrevenants. Seulement, notre interlocuteur tente d'expliquer ces hausses unilatérales par le coût réel du prix de revient d'une baguette de pain ordinaire. A ses yeux, l'estimation effectuée conjointement entre la corporation des boulangers qu'il représente et la DCP, fait ressortir que « 11,50 dinars sont nécessaires pour la confection d'un pain », ajoutant, toutefois, que la majorité des boulangers condamnent avec véhémence les augmentations de pain décidées par certains d'entre eux.