Les charges d'électricité, gasoil, levure, eau et huile sont avancées pour justifier cette hausse illicite. Les rumeurs faisant dernièrement état des augmentations des prix des produits de large consommation commencent effectivement à se concrétiser à l'ouest du pays. Ainsi à Oran, Tlemcen, Tiaret, Sidi Bel Abbès, Relizane ou ailleurs, le prix de la baguette a subitement, et sans avertir été revu à la hausse. Plusieurs boulangers bravent les décisions du gouvernement. Le tarif de la baguette est désormais affiché à 10 dinars. Officiellement, la baguette de pain normal est cédée à 7,50 DA tandis que le prix du pain dit «amélioré» est fixé à 8,50 DA. Le marché échappe à tout contrôle. Et à l'approche de la période des grandes consommations, la situation s'accentue et les appétits s'aiguisent. A Oran, que ce soit au marché de la Bastille ou en ceux d'El Hamri et Gambetta, le même constat est perceptible. Les citoyens dénoncent cette décision. Une décision prise de manière unilatérale par les boulangers. C'est une situation qui met à mal le citoyen-consommateur. Une telle augmentation laisse supposer plein de questions. D'autant que la hausse annoncée vient au moment où le spectre des augmentations tous azimuts hante les esprits. En revanche, les acteurs principaux se rejettent la balle. Les excuses ne manquent pas. «Les charges onéreuses liées à la production du pain» s'évertuent à soutenir les boulangers rencontrés pour justifier la hausse illicite du prix de la baguette. Ces derniers avancent pour argumentaire les sommes colossales des factures de l'électricité, gasoil, levure, eau, huile,... mais surtout les prix de la farine. Sur leur lancée, ils soulignent qu'en raison de ces charges plusieurs boulangers ont dû baisser rideau. De son côté, la direction du contrôle des prix, seule instance à avoir répondu à nos doléances, soutient: «Il n'y a pas d'augmentation». Voire plus: «C'est inconcevable et inadmissible». Le chef du service contrôle, M.Amri, a qualifié le comportement des boulangers d'«illicite». Ajoutant qu'aucune «augmentation n'est permise». Pour faire face à ces pratiques «illicites», il a révélé qu'un programme de sorties pour contrôle pendant le Ramadhan est au menu, dont les boulangeries et l'affichage des prix seront les cibles principales. «A défaut d'affichage des prix, des sanctions seront prises à l'encontre de tout contrevenant», souligne notre interlocuteur. Ajoutant qu'en cas de récidive, des poursuites judiciaires ne seront pas à écarter et que des radiations du registre du commerce seront proposées. Seulement, la hausse des prix de la baguette entame ses premiers virages bien avant même le mois sacré. Aussi, pourquoi attendre le Ramadhan pour sévir? «Le ton sera donné à la rentrée scolaire», a expliqué M.Amri. Pour sa part, le président de la section des boulangers d'Oran, soutient cette augmentation du prix de la baguette. Dans son argumentaire, il affirme qu'une étude faite conjointement avec la DCP, fait ressortir que le prix de revient d'une baguette de pain est de 11,50 DA. Un argument rejeté du revers de la main par les responsables des Moulins de Mostaganem (Ex-Sempac), principal fournisseur des boulangers de la région en farine panifiable. Le responsable commercial de cette entreprise, M.Arbaoui, n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour stigmatiser la hausse mise en oeuvre sans avertir, sachant que les prix de la farine panifiable sont soutenus par l'Etat.