Attendue, l'intervention d'aujourd'hui de Abdelaziz Belkhadem revêt incontestablement une importance capitale. Après des semaines de « vacance » constatée du pouvoir et à quelques jours d'une rentrée sociale et scolaire porteuse de tous les périls, le chef de l'Exécutif aura cette lourde charge de rassurer ses concitoyens quant à sa capacité à désamorcer une crise sociale sur le point d'exploser. Le chef du gouvernement devra – selon une dépêche laconique d'hier de l'agence APS annonçant cette rencontre des plus imprévues avec les médias – évoquer des sujets ayant trait à « l'actualité économique et sociale » du pays, sans autre précision. D'après le porte-parole du FLN, Saïd Bouhadja, une série de mesures visant à fluidifier la rentrée sociale devraient être annoncées par le chef du gouvernement, également SG du parti FLN. A propos desdites mesures, M. Bouhadja dit ignorer leur contenu. « Ce que je peux vous dire, c'est que ce sont des mesures en rapport avec la rentrée sociale et avec la protection du pouvoir d'achat des Algériens », dit-il. Des mesures sociales qui interviendront de ce fait avant même la tenue de la bipartite UGTA - gouvernement, programmée pour la première semaine du mois de septembre. Un autre rendez-vous, capital aussi celui-là, un Conseil des ministres présidé par le président de la République, est annoncé pour les prochains jours. Une reprise en main des affaires de l'Etat par les deux hauts responsables de l'Exécutif qui contraste avec l'image de bateau à la dérive qu'offrait le pays ces dernières semaines. M. Belkhadem veut-il par cette rencontre prendre les devants pour mieux amortir le choc de la rentrée et sauver par là même son fauteuil à la tête du gouvernement ? Possible quand on sait que durant tout l'été, la sonnette d'alarme n'a cessé de retentir du côté de certains états-majors politiques, syndicats autonomes, spécialistes, médias et même du patronat, alertant du malaise social, de l'érosion dangereuse et effrénée du pouvoir d'achat couplée à une flambée spectaculaire des prix de produits de consommation qui présagent une rentrée mouvementée. Il faut dire que les limites de la politique du gouvernement Belkhadem ont été fortement mises en évidence par ces parties, auxquelles se sont jointes mêmes des voix discordantes des formations de l'alliance présidentielle ! Le MSP n'a pas hésité, il y a peu, à ouvrir le feu sur Belkhadem. Par ailleurs, la sortie du chef du gouvernement aujourd'hui à Djenane El Mithak, même placée précautionneusement dans le carré de l'« actualité sociale et économique », ne saura lui faire éviter les questions politiques les plus pertinentes de l'heure et les questions sensibles, comme l'évolution de l'état de santé du président de la République, sujette depuis quelque temps à de folles rumeurs. « M.Belkhadem répondra peut-être à cette question si les journalistes la lui posent », affirmait M.Bouhadja qui ajoute que les récits qui sont colportés sur l'absence du Président relèvent de la pure spéculation, « des rumeurs, des ragots »... Reste à savoir si M.Belkhadem aura le courage politique nécessaire d'aborder une question aussi délicate qui semble miner tout l'appareil de l'Etat. Il va sans dire qu'à ce sujet personne ne se nourrit d'illusions.