Certains ministres sont sur la sellette. Les résultats escomptés sont en deçà des objectifs définis par le Président Abdelaziz Bouteflika. Le prochain Conseil des ministres, qui aura lieu avant le départ en vacances de l'Exécutif, sera déterminant pour l'avenir de l'actuelle composante du gouvernement, et l'on peut d'ores et déjà penser que les mises au point sur son fonctionnement et la manière dont ont été menées les affaires du pays ne manqueront pas d'être débattues, voire être remises en cause. Des correctifs et des rappels à l'ordre figureront à l'ordre du jour. La plupart des ministres en charge des grands chantiers initiés par le chef de l'Etat dans le cadre du plan de développement économique, jouent tout au plus un rôle d'ordonnateur quand il leur est demandé de faire preuve d'ingéniosité et de savoir-faire. Beaucoup d'argent, trop d'argent a été mis sur la table par le Trésor public pour très peu de résultats tangibles ou encore pas assez à la hauteur des espérances attendues. Certains projets à l'instar de la réalisation du million de logements qui devait être réceptionné en fin de second mandat du Président Bouteflika, semblent à la peine tandis que la réalisation de l'autoroute Est-Ouest semble faire figure d'exception si l'on en croit les déclarations de Amar Ghoul. Le ministre des Travaux publics persiste et signe et tient à relever le défi. Le mégaprojet autoroutier sera réceptionné dans les délais, soit avant la fin du premier semestre 2010. Cette partie visible de l'iceberg, qui expose et met sous les feux de la rampe certains ministres du gouvernement Ouyahia, ne doit pas occulter les nombreux ambitieux projets présentés en grande pompe par leurs initiateurs et qui sont restés lettre morte. Que devient en effet, la stratégie industrielle du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements? «Nous n'avons pas de grande stratégie industrielle» avait fait constater déjà en décembre 2007, Abdelhamid Temmar pour qu'enfin en 2009, le Premier ministre lui porte le coup de grâce en déclarant: «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal. Elle a beaucoup plus fait l'objet de communications que d'actions. Elle n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres.» Des assises lui ont pourtant été consacrées. Du gâchis. Le département du tourisme donne l'impression d'emprunter le même chemin si l'on en juge par les maigres performances qu'il vient de réaliser en 2008 (380 millions de dollars de recettes alors que nos voisins tunisiens et marocains en reçoivent presque 20 fois plus). Dans de telles conditions, l'objectif des 20 millions de touristes d'ici à l'horizon 2015 revient tout simplement à vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Dans un autre registre, nous pouvons aussi nous interroger sur la politique mise en place par le gouvernement et les déclarations des ministres concernant le retour des compétences ou du moins ce qui a été fait pour retenir ceux qui sont tentés d'aller monnayer leurs talents outre-Méditerranée ou outre-Atlantique. L'Université algérienne, grande pourvoyeuse de compétences, est encore loin d'avoir résolu sa crise et ce n'est certainement pas la cuvée 2009 de bacheliers qui y apportera une quelconque solution. La prochaine rentrée sociale va vivre au rythme du mois de Ramadhan, de l'Aïd, et des rentrées scolaires et universitaires. Synonymes de grandes dépenses. Si les prix du pain et du lait ont pu être maîtrisés grâce à l'intervention énergique et des subventions de l'Etat, il n'en est pas de même pour les autres produits de consommation. Un petit tour sur les marchés peut nous renseigner que les spéculateurs sont de retour. Certains ministres sont déjà prêts à actionner les traditionnels leviers qui feront parler d'eux: le couffin du Ramadhan et l'aide aux enfants scolarisés les plus démunis. Ils étaient plus de 3 millions à en avoir bénéficié l'année dernière. Une opération qui a surtout comme finalité de mettre en lumière le désarroi de nombreuses familles dont le pouvoir d'achat s'effiloche jour après jour. Le Snmg est toujours à 12.000DA et la fameuse tripartite est renvoyée aux calendes grecques. Le président de la République avait prévenu l'année dernière à pareille époque: «Les deniers publics doivent être rationalisés» avait-il averti ses ministres. Ses deux derniers quinquennats ont été menés tambour battant et sur les chapeaux de roues. Les équilibres macroéconomiques ont été rétablis (taux de chômage en diminution, inflation maîtrisée, remboursement de la dette...) et son voeu le plus cher de rétablir la paix a été un succès incontestable. Pour rien au monde ces acquis ne doivent être remis en cause. Il a lui-même salué la souveraineté retrouvée de l'Algérie. Son troisième mandat est placé sous le signe de la lutte contre le chômage: «Cette orientation trouvera son application, d'abord dans l'action pour la résorption du chômage, cette plaie qui, bien que fortement réduite au cours des récentes années, pèse encore trop lourdement sur le corps social.» Des mots graves et forts qu'il avait prononcés à l'occasion de la Fête internationale du travail. Il va les mettre en oeuvre sans trop tarder en compagnie d'hommes et de femmes qu'il aura jugé compétents pour atteindre cet objectif et réduire cette fracture sociale qui ne peut plus attendre que des discours sans lendemain.