Si à l'UGTA on affiche sérénité et confiance en le gouvernement Belkhadem quant à sa capacité à maîtriser les gros dossiers de la rentrée, les syndicats autonomes s'inscrivent dans le « camp des sceptiques ». Les déclarations du chef du gouvernement lors de son point de presse d'avant-hier n'ont pas dissipé les craintes du CLA et du Snapap. Loin s'en faut. La réaction de ces syndicats alterne « déception » et « frustration ». La montagne a encore accouché d'une souris, commente-t-on le rendez-vous pris par Belkhadem avec l'opinion. Le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Redouane Osmane, se dit « frustré » par les réponses qu'a apportées lors de sa conférence de presse le chef du gouvernement. De son intervention, M.Osmane affirme ne « rien » retenir de positif. « Belkhadem, dit-il, par des manœuvres dilatoires tente d'éluder la question salariale » et, plus grave encore, « il s'entête à ne pas reconnaître le phénomène inflationniste et l'érosion dangereuse du pouvoir d'achat ». En de pareilles circonstances, estime le syndicaliste, un « gouvernement censé être responsable doit procéder à un rattrapage salarial, pas pour acheter la paix sociale mais pour redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs et améliorer leurs conditions de vie, pas tergiverser comme le gouvernement Belkhadem est en train de faire avec la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique, dont l'application n'est prévue qu'à partir de l'été 2008 ». « Blocages » Des tergiversations qui font dire à M.Osmane qu'elles obéissent soit à des injonctions émanant d'institutions financières internationales allant dans le sens de la maîtrise de la masse salariale qui ne doit pas dépasser les 30%, ou à des « blocages » de lobbies dans l'administration qui se sentent menacés par la révision et retardent l'avènement de la nouvelle grille et des nouveaux statuts. Même son de cloche ou presque du côté du Snapap (Syndicat autonome des personnels de l'administration). Selon le premier responsable de ce syndicat, la réaction du chef du gouvernement traduit tout l'« affolement » de l'exécutif à l'approche de la rentrée. M. Malaoui estime que Belkhadem a complètement « raté sa sortie ». « Les Algériens s'attendaient, dit-il, à des réponses claires et convaincantes sur les questions de l'heure, mais ils ont eu droit à du blabla. » Le gouvernement, souligne le syndicaliste, a démontré qu'il n'a ni « politique salariale » encore moins « la volonté de protéger le pouvoir d'achat ». Les affirmations du chef du gouvernement à propos de la flambée des prix des produits de consommation traduisent, selon M. Malaoui, cette réalité. « Alors que les prix, dit-il, de ces produits sont alignés sur ceux pratiqués sur le marché international, le gouvernement maintient les salaires à très bas niveau. » Concernant les dernières « mesures » annoncées par le gouvernement pour « accompagner » en douceur la prochaine rentrée, le SG du Snapap se dit étonné qu'on ait accordé autant d'importance à ce qui, en définitive, n'était qu'un « banal effet d'annonce ». « Pensez-vous que détaxer la pomme de terre importée est en mesure d'améliorer la condition des travailleurs et leur pouvoir d'achat ? » « La mesure servira, comme c'est de coutume, aux importateurs et à la mafia », déclare M. Malaoui. Au gouvernement Belkhadem, M. Malaoui reconnaît néanmoins des « préparatifs » autres que ceux espérés pour désamorcer la « crise ». « Il y a de la répression et du harcèlement en vue contre les syndicats autonomes et toutes les voix discordantes de la société civile », conclut-il.