La Coordination de la Fonction publique a appelé, hier, tous les secteurs (santé, enseignement supérieur, éducation, administration…) à prendre part aux journées de grève prévues pour les 24, 25 et 26 février en cours. “Le recours à des mesures exceptionnelles pour le règlement des dossiers des statuts particuliers et celui de la grille des salaires est anticonstitutionnel. Il est illégal de procéder à des augmentations de salaire sur la base des statuts pas encore achevés et préparés en catimini.” Cette déclaration a été faite, hier, par M. Mériane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), lors d'une conférence de presse animée à Alger. L'annonce de l'application de la nouvelle grille des salaires faite jeudi par M. Abdelaziz Belkhadem, Chef du gouvernement, lors de la Conférence nationale des élus du parti du FLN à Blida n'a rien arrangé. “Le Chef du gouvernement a annoncé l'application de la nouvelle grille des salaires à partir de fin mars et début avril. Cette décision a été faite dans la précipitation, afin de calmer les esprits des fonctionnaires et d'éviter une explosion sociale. Alors que nous rejetons les augmentations concoctées dans l'opacité du système, le gouvernement décide d'appliquer cette grille des salaires. Cela démontre simplement le mépris à l'égard des travailleurs qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts”, a déclaré de son côté le Dr Yousfi, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique. Afin de prouver que la décision de l'application de la nouvelle grille des salaires s'est faite dans la précipitation, les syndicalistes ont parlé d'un télex interne daté du 19 février 2008, dont une copie nous a été remise, émanant de la direction générale de la comptabilité et adressée au ministre des Finances, dont des copies ont été envoyées au directeur du budget ainsi qu'aux directeurs régionaux du Trésor. Cette dernière stipule que “dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau système de classification et de rémunération ainsi que la mise en place rapide des nouveaux statuts particuliers, des dispositions sont prises afin de permettre l'intégration et le reclassement des fonctionnaires sans avoir recours à la commission interministérielle comme c'est prévu par l'instruction N°07 du 29/12/07 du Chef du gouvernement…” Face à cette situation, les syndicats ne comptent pas se taire, tout en s'interrogeant sur les parties qui voudraient tirer profit d'un éventuel pourrissement. “Que cherche le gouvernement dont la responsabilité est entièrement engagée dans ce qui se passe actuellement ? En dépit de l'exclusion des syndicats autonomes, nous userons de tous les moyens pour arracher nos droits”, a déclaré M. Mériane qui a tiré, encore une fois, à boulets rouges sur l'UGTA et les pouvoirs publics. Il accuse le patron de l'UGTA, d'approuver toutes les décisions prises par le gouvernement aux dépens des travailleurs et qui cherche à tromper l'opinion publique en accusant la Fonction publique d'être à la traîne. Le pluralisme syndical, a-t-il rappelé, a été arraché par le sang. Sur ce point, le responsable du Snapest qualifie l'UGTA d'un syndicat au service du pouvoir, tout en regrettant le retour au syndicalisme d'Etat. “L'UGTA a été associée aux négociations. Elle a accepté de jouer le rôle en approuvant toutes les décisions prises par le pouvoir. Des décisions contestées par l'ensemble des fonctionnaires ; et maintenant, elle rejette la balle sur la Fonction publique”, a-t-il souligné. M. Yousfi s'indigne contre le gouvernement qui prône la voix du dialogue. “Comment peuvent-ils parler de dialogue, alors qu'ils marginalisent les syndicats autonomes ainsi que leurs revendications. Aucune action ou initiative n'a été prise afin de résoudre le problème des fonctionnaires et de l'inflation. Si le dialogue était ouvert nous ne serions pas ici en train de débattre”, ironise-t-il. Par ailleurs, les syndicalistes tirent sur les élus et la classe politique. “Où sont nos élus ? Que font-ils ? Normalement, ils sont les premiers à réagir et à défendre les droits de leurs électeurs et soulever leurs revendications à l'APN. Le problème de la pauvreté ainsi que de l'inflation concerne tout le monde, notamment les partis politiques qui observent un silence inquiétant”, s'indigne le Dr Yousfi. Et d'ajouter : “Alors que le peuple algérien vit dans la misère et l'inflation, le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport publié mardi dernier, souhaite que l'Algérie, devenu un pays solvable, aide les pays pauvres. Cela est une reconnaissance que nous somme un pays riche.” Nabila Afroun