Dans quelques semaines, une opération de privatisation tous azimuts sera lancée. Elle devra déboucher sur la liquidation, sous une forme ou une autre, des filiales propriétés du groupe Sider telles que Sider Automation, Soudatec, Hydrosid, Codesid, Alfa Pipe Annaba, Alfa Pipe Ghardaïa, EGIS et ISGA, ainsi que Optime, la filiale de ISGA. C'est dire que la question de privatisation devient désormais beaucoup moins théorique. Elle est mise en pratique sur les plateformes industrielles de Pont Bouchet, Meboudja, Sidi Amar, El Hadjar, El Bouni. Elle est vue sous cet angle à la direction générale du groupe à Chaïba (Sidi Amar -Annaba). C'est là où elle a été démythifiée en attendant le début des négociations sur le volet social. Celles-ci sont prévues pour être entamées dans les prochains jours avec le partenaire social. La tentative de mettre en marche la formule de cessions du patrimoine aux travailleurs aurait été un échec. Dés le mois de septembre 2007 donc, on s'attend à des coupes très sombres dans les effectifs. Ils sont quelques 3000 travailleurs dans ces filiales à s'interroger sur leur avenir. Depuis quelques semaines, la crise est aiguë. Des turbulences s'annoncent déjà à l'horizon avec la réaction des syndicalistes de la plateforme Syndicale UGTA de Sidi Amar. "Rien ne se fera sans les représentants des travailleurs. Comme nous l'avons toujours fait, nous défendrons leurs intérêts y compris sur la question de l'éventuelle application d'un quelconque volet social. Nous savons qu'un grand chamboulement se prépare dans les filiales du groupe Sider. Nous serons présents " indique Smaïn Kouadria le secrétaire général par intérim de la plateforme syndicale UGTA Sidi Amar. Des turbulences que veut calmer M Belkacemi président directeur général du groupe quand il affirme : "tout action touchant au devenir des travailleurs des filiales, se fera avec le concours du syndicat ". Privatisé quoi et au profit de qui ? Telle est la question que se posent les cadres dirigeants des filiales et du groupe. Plusieurs ont affirmé que le péril de la liquidation des filiales viendrait plutôt de l'absence de repreneurs. Cette appréhension est justifiée par la faiblesse du nombre des candidats à la reprise ou par le montant des soumissions proposés par les soumissionnaires intéressés par l'acquisition des filiales Sider Automation et Soudatec. Ces repreneurs éventuels auraient mal interprété la démarche du groupe Sider. A ce niveau, il n'est pas question de compromis. On parle beaucoup plus de marchandages et d'évaluation exact du patrimoine des filiales appelées à être privatisées. Actuellement, on n'en est toujours aux chambardements créés par l'annonce du groupe Sider d'écrêter son portefeuille. L'exercice est difficile avec des filiales confrontées à des effectifs pléthoriques et des difficultés financières insurmontables. Cependant, mêmes à perte comparativement à leur patrimoine, ces filiales doivent être liquidées.Elles sont depuis des mois en cessation d'activités ou de paiement à l'image de Sider Automation et Soudatec. Acculés par les instructions émanant de la Société de Gestion des Participations, les dirigeants du groupe a dressé une liste exhaustive des autres filiales à liquider .Hydrosid, Codesid, Alfa Pipe Annaba, Alfa Pipe Ghardaïa, EGIS, l'ISGA et son institut Optime. L'on a pris pour exemple l'opération de privatisation lancée récemment par la Société de Gestion des Participations Construmet. Elle a touché les deux importantes unités de production des tuiles métalliques (Protuile) et celle de Construction Métallique (PROCIM) de Annaba. La première est dotée d'un riche patrimoine de production et d'une importante assiette foncière à Berrahal. Elle a cédé à un opérateur privé de la région de Batna spécialiste de l'exportation des déchets ferreux. Les négociations pour la cession de Procim avec un repreneur potentiel seraient bien avancées. Les filiales ALFA PIPE Annaba et Ghardaia concernées Ces cessions et bien d'autres ayant précédé à différents niveaux du secteur industriel, n'ont pas laissé indifférents les dirigeants de la SGP Transolb. C'est pourquoi, ils ont succombé à la tentation d'une privatisation ou dissolution à outrance. Ils ont déjà mis sur le marché tout ce qu'un secteur public obèse comme le leur compte d'entreprises. Ils sont même allés très vite en besogne. "Effectivement nous avons engagé un processus de privatisation et éventuellement de dissolution des filiales de notre groupe. Sider Automation et Soudatec ont été les premières concernées par ce processus. Les propositions avancées par des repreneurs n'ont pas été jugées suffisantes. En tous les cas d'une manière ou d'une autre, la cause de l'ensemble de ces filiales sera entendue avant la fin de l'année 2007. Le partenaire social sera bien sur sollicité pour l'étude de l'application de tout volet social si nous devons arriver à cette extrême" a précisé M Belkacemi président directeur général du groupe Sider. Travailleurs et cadres dirigeants des filiales ont ressenti des frissons en apprenant que les filiales Alfa Pipe Annaba et celle de Ghardaïa ont été mises en vente. Et même qu'elles constitueraient d'excellents placements pour les repreneurs. Arcelor Mittal et un consortium germano- turc font parties du lot des repreneurs en pool position. "A mon avis, l'erreur serait de céder les deux filiales Alfa Pipe à un seul repreneur. La difficulté pourrait surgir par la suite quand on sait qu'une des deux de ces filiales est implantée dans l'enceinte du complexe sidérurgique de El Hadjar propriété de Arcelor Mittal. Je pense qu'un arrangement avec ce dernier pourrait être trouver pour lui permettre d'acquérir Alfa Pipe El Hadjar. Celle de Ghardaïa pourrait être cédée au consortium germano-turc " a estimé un de syndicalistes de Alfa Pipe. Avec l'annonce par les responsables du groupe de la mise en route de ce vaste programme de privatisation, le patrimoine du groupe Sider est en passe de se vider totalement. Dans la population des différentes régions périphériques du siège du groupe Sider, le sentiment de ne plus connaître les règles du jeu est très général. Ces derniers mois, ce sentiment s'est traduit par un état de stress social aussi important que celui généré par la privatisation du complexe sidérurgique de El Hadjar. Celle-ci avait largement dépassé ce qu'avaient anticipé tous les économistes, universitaires et experts. Avec la cession de ce qui reste comme filiales encore de sa propriété dont Sider Automation et Soudatec, le dossier brûlant du groupe Sider issu de l'entreprise Sider elle-même née de Sider et de la Sidérurgie bônoise de la fin des années 1960, pourrait se refermer à tout jamais. Tout autant que celui de beaucoup d'autres groupes du secteur de l'industrie. Il faut dire que le dynamisme attendu des différentes et multiples opérations de restructuration qui ont touché ce secteur n'ont pas eu les effets attendus. Travailleurs et cadres de ce qui restent comme filiale se préparent déjà à cette échéance. Elle marquera la fin d'une des plus grandes industries nationales. Il ne se passe de semaine, en effet, sans que quelque décision du Conseil de Participation de l'Etat ou de Société de Gestion des Participations ne vienne proclamer la dissolution ou la privatisation d'une filiale. Sider Automation, Soudatec… sont en cessation d'activités. Elles sont également en cessation de paiement. L'application d'un volet social avec une drastique compression des effectifs mobilise l'ensemble des représentants des travailleurs. Dans quelques mois d'autres entreprises pourraient suivre. C'est le cas en ce qui concerne la construction ferroviaire, le montage et la construction métallique… Une autre SGP est en passe de faire l'actualité dés la prochaine rentrée sociale. Il s'agit de celle des entreprises publiques du Sud/Est.