Depuis l'attentat perpétré le 11 avril 2007 contre le siège de la chefferie du gouvernement, la baisse de vigilance des services de sécurité a été mise à nu. Aujourd'hui, des cantonnements militaires sont attaqués, des casernes sont violées, et par dessus tout, le président de la République lui-même a été visé par un attentat. La première autorité du pays se voit visée par un acte terroriste, au nez et à la barbe d'un protocole qui a failli à sa mission première qui est celle d'assurer un passage des plus sûrs au cortège présidentiel. Faut-il donc parler de baisse de vigilance ou plus encore de faillite des services de sécurité ? Il est de notoriété qu'une visite présidentielle se prépare des semaines à l'avance, où rien n'est laissé au hasard, surtout pas l'aspect sécuritaire qui figure en première place des priorités du protocole et du renseignement. Que se serait-il donc passé si les citoyens n'avaient pas remarqué l'attitude peu anodine du kamikaze qui était à une proximité effarante du lieu de passage du cortège présidentiel ? On ne peut s'empêcher de penser que le souci majeur des autorités locales était de rassembler une foule des plus dense pour accueillir le Président, sans avoir à vérifier qui était dans la foule. Si le cortège du Président a été sauf, le carnage n'a malheureusement pas été évité pour les citoyens présents à l'heure où la folie meurtrière du kamikaze s'est exprimée. Le surlendemain, un autre attentat aussi sauvage a été perpétré à Dellys, dans une caserne des gardes-côtes. A quelques détails près, le scénario de la caserne de Lakhdaria se reproduit. Il ne faut pas être un expert de la chose sécuritaire pour penser que depuis l'attentat de Lakhdaria qui avait fait dix morts, toutes les casernes sont censées être imperméables à toute personne ou véhicule étrangers. De surcroît, lorsque la veille, le cortège du chef de l'Etat a été pris pour cible, le renforcement des barrières de sécurité s'impose, notamment au niveau des ports et des casernes. Dans un premier niveau de lecture et à travers l'observation des différentes manifestations terroristes, la recherche du spectaculaire détermine la cible des terroristes. L'utilisation des kamikazes renseigne sur un changement de stratégie de la part des groupes terroristes, mais y a-t-il changement des moyens de lutte contre le terrorisme ? De l'aveu des premiers responsables des services de sécurité au lendemain des attentats du 11 avril, le phénomène kamikaze est nouveau et nécessite une adaptation des techniques de lutte. L'heure est plus que jamais venue de voir se traduire cette adaptation sur le terrain afin d'éviter encore plus de pertes en vies humaines. Après avoir acquis une expérience reconnue de par le monde dans la lutte contre le terrorisme au bout de plus d'une décennie de combats acharnés, les services de sécurité algériens sont encore une fois devant un autre défi.