Pour lutter contre le changement climatique, l'Indonésie propose la création d'un groupe rassemblant huit pays. Ces derniers abritent près de 80% des forêts tropicales humides de la planète, a annoncé samedi le porte-parole du président indonésien. En plus de l'Indonésie, les pays concernés par cet appel sont le Brésil, le Cameroun, le Congo, le Costa Rica, le Gabon, la Malaisie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Il est important que ces huit pays parviennent à un consensus sur leur contribution aux efforts pour maîtriser le réchauffement climatique de la planète », a-t-il estimé. « Les initiatives concernant la conservation des forêts tropicales humides sont toujours venues des pays développés. Le président veut changer cette situation », a encore souligné le porte-parole. L'Indonésie présidera une réunion de ces huit pays, le 24 septembre à New York, en marge de la session plénière annuelle de l'ONU. La prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique se déroulera du 3 au 14 décembre 2007 à Bali, en Indonésie. Cet archipel est le troisième plus grand émetteur de carbone au monde. La déforestation et la combustion de forêts tropicales humides en sont les principales causes. De larges étendues de forêts tropicales d'Indonésie sont détruites pour laisser place aux plantations de palmiers à huile. Les zones visées par ces déboisements sont principalement celles des forêts tropicales marécageuses, qui stockent de grandes quantités de carbone sous forme de tourbe. Une fois que ces forêts ont été déboisées et brûlées, des quantités massives de CO2 sont relâchées dans l'atmosphère. Le Brésil est le quatrième plus gros émetteur de carbone au monde, à cause de la déforestation. La plupart des émissions proviennent du déboisement et de la combustion de la forêt tropicale amazonienne. Durant ces trois dernières années, plus de 6 millions d'hectares de forêt tropicale ont été déboisés pour faire de l'élevage de bétail, et mettre en place d'immenses monocultures de soja. Enfin, au Congo, le pillage des forêts tropicales est en marche. Plus de 50 millions d'hectares de forêt tropicale humide sont déjà contrôlés par les sociétés forestières. Le pays risque de perdre plus de 40% de ses forêts d'ici à 2050, libérant alors jusqu'à 34,4 milliards de tonnes de CO2. Si la destruction des forêts contribue au changement climatique, elles sont elles-mêmes dégradées par ce phénomène. Une hausse de la température de seulement 2°C pourrait entraîner des dommages irréparables pour de nombreuses forêts et pour la biodiversité qu'elles abritent. Des scientifiques américains ont déterminé que planter et préserver des forêts tropicales pourraient ralentir le réchauffement climatique. Cette étude, menée par des chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL), suggère que l'emplacement des nouvelles forêts est un facteur primordial, en regard de leur capacité de stockage du carbone, de leur évapotranspiration, et de l'énergie solaire qu'elles absorbent. Avec cette étude, se confirme le rôle des forêts tropicales sur l'atmosphère. Selon le climatologue Ken Caldeira, « les forêts tropicales agissent comme un véritable climatiseur de la Terre ».