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L'art arraché !
Alger. La fresque de Mesli menacée
Publié dans El Watan le 13 - 09 - 2007

C haque jour, la laideur gagne du terrain. Mais le pire, c'est encore qu'elle s'en prend aux rares présences de l'art dans l'espace public. Déjà, l'œuvre de Malek Salah et Zoubir Hellal, sur l'arche du tunnel des Facultés avait été escamotée. Plus récemment, le remplacement des céramiques de Mohamed Boumehdi, à l'hôtel El Djazaïr, a suscité l'indignation autant par son inexplicable brutalité que sa coïncidence avec le décès de l'artiste.
Et voilà qu'un éditeur, scandalisé et ému par le fait, nous signale les atteintes inqualifiables contre la fresque murale de Choukri Mesli, située à droite du parc Sofia et à l'entrée du parking Tafourah. Les carreaux émaillés, qui constituent l'œuvre, ont été arrachés en plusieurs endroits et l'état général de la fresque laisse penser qu'elle n'a pas été nettoyée depuis son installation, au début des années quatre-vingt. On pouvait déjà apercevoir, l'année dernière, trois ou quatre carreaux détruits mais là, la déprédation a pris des proportions intolérables qui défigurent, déjà, l'œuvre et ne manqueront pas, à terme, de provoquer sa complète disparition. Avec ses couleurs vives, sa composition rythmée et ses formes dynamiques oscillant entre l'abstrait et le figuratif, la fresque est devenue, au fil des ans, un élément du décor, un repère urbain, un signe de connivence entre l'artiste et la ville. Elle est typique du style de Mesli, cet artiste né en 1931 à Tlemcen et qui fut, dès 1948, élève de l'Ecole des beaux-arts d'Alger où il eut, notamment, Mohamed Racim comme professeur. Actif depuis sa jeunesse, il a participé, en 1950, à la création de la revue Soleil et, l'année suivante, du Groupe 51 avec Issiakhem et Kateb Yacine. Etudiant par la suite aux Beaux-Arts de Paris, il interrompt ses études et quitte la France à l'appel du FLN au déclenchement de la grève des étudiants. Professeur à partir de l'indépendance, il a contribué à former des générations de peintres. Membre fondateur de l'Union des arts plastiques (UNAP), il crée, en 1967, avec d'autres artistes, le groupe Aouchem qui proclamait le signe traditionnel, comme base de l'art algérien moderne, dont il reste l'une des figures pionnières et une référence. Il est pour le moins regrettable qu'au moment où l'une de ses toiles figure dans l'exposition d'art contemporain arabe en cours au Palais de la culture, sa fresque, qu'il a laissée tel un message après son exil dans les années 1990, fasse l'objet d'une agression et d'un laisser-aller aussi innommables l'une que l'autre. Son autre fresque, figurant sur la façade du Centre culturel d'Hussein Dey, semble heureusement préservée. Mais, pour celle de Tafourah, il est de toute urgence que la communauté artistique se mobilise, que les autorités locales et de wilaya s'en préoccupent et que le ministère de la Culture intervienne.

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