Dès l'arrivée du mois de Ramadhan, les pickpockets se frottent les mains. Période de jeûne qu'ils considèrent, à juste titre d'ailleurs, propice à l'exercice de leur sale besogne. Se frotter les main, est vraiment le cas de le dire, du fait que la manière qu'utilisent ces fouilleurs de poches pour subtiliser l'argent ou les portefeuilles à leurs proies exige une dextérité exceptionnelle. La faim et la somnolence qui s'emparent de ces victimes durant leur jeûne aident en grande partie ces voleurs à faire leur « métier » dans la règle de l'art. A Oran, comme partout d'ailleurs, c'est les gares routières suburbaines qui sont les lieux de prédilection de ces pickpockets à l'allure parfois pas suspecte. Habillés convenablement, serviette ou cartable en bandoulière ou revue à la main, ces voleurs profitent de l'anarchie qui règne toujours à chaque montée des voyageurs dans les bus ou dans les taxis collectifs pour glisser discrètement et soigneusement leurs mains dans les poches ou dans les sacs à main de leurs inattentives victimes fatiguées par la faim et la soif et qui n'ont en ce moment précis qu'un seul et unique but… monter coûte que coûte pour ne pas rater le bus sinon adieu la h'rira ou la chorba à la maison. La main du piqueur des poches reconvertie pour la circonstance en hameçon ne remonte jamais vide, car ce « prédateur » guette toujours sa proie pour s'assurer qu'elle porte sur elle quelque chose de valeur à lui sous tirer. L'aventure n'est pas de mise chez ces voleurs impitoyables. Chez cette catégorie de délinquants, l'opération ne s'effectue jamais en solo. Un deuxième complice est toujours là en cas d'éveil de la victime. En plus de l'assurance qu'elle donne au voleur n°1, la présence du deuxième est nécessaire pour permettre à celui-ci de récupérer le butin en un geste éclair et de repartir ensuite sans que la proie, se doute de quelque chose. En général, c'est les portefeuilles et les téléphones portables qui sont visés par ces pickpockets qui active souvent sous les yeux de passagers qui deviennent sur place complices par leur mutisme. C'est peut-être la peur des représailles qui les laisse indifférents. Les foules compactes qui s'agglutinent devant les portes d'entrées des véhicules de transport en commun notamment en période de pointe, la désorganisation qui règne dans les gares routières et l'absence d'agents de sécurité dans ces endroits fréquentés que par les petites gens sont les trois principaux facteurs qui favorisent l'amplification de ce phénomène dont la courbe de croissance ne cesse d'augmenter. On raconte dans le milieu de ces petits délinquants que le « métier » de pickpocket s'apprenait dans les années 1950 dans un centre de formation en Espagne et c'est de la que cette ignoble et abjecte pratique s'est propagée.