L'activité agricole ne démarre pas en dépit des moyens mis en place par les pouvoirs publics et les programmes de soutien destinés au développement du secteur. Les budgets existent, les demandes de financement aussi. Où réside le blocage ? La communication ne passe pas, la sensibilisation est réduite au service minimum et le langage utilisé est fait dans le style quasi-incompréhensible, inopérant et contre-productif. Conséquence : les budgets restent en l'état, faramineux et non consommés. Les agriculteurs peinent seuls sur leurs terres, ne connaissant rien des différents programmes de soutien à l'agriculture lancés depuis des années. Nous avons visité le stand de la subdivision agricole de la daïra de Bouzeguène, lors de la fête de la figue organisée la semaine dernière au village Lemsella, dans la commune d'Illoula. Des tableaux étaient accrochés, mais aucun agent de la subdivision n'était présent. Une conférence était organisée ce jour, mais l'accueil des visiteurs par les employés de l'agriculture était élémentaire lors d'une journée de sensibilisation. Le stand était « gardé » par deux jeunes, l'un membre de l'association organisatrice, et l'autre étant un agriculteur de la localité. Le second nous dira qu'il n'a jamais bénéficié de subvention publique en sa qualité d'aviculteur. « Non, on ne m'a jamais renseigné. Pourtant, ils me connaissent », dit-il. Il exploite deux poulaillers depuis 3 ans, d'une capacité de 4600 sujets. Il jette un œil sur les tableaux mais sera vite dissuadé. Les schémas sont d'une incroyable complexité, plus proche de l'abstrait que de la vulgarisation. « Idée du projet, APC, daïra, service réceptacle, animateur, facilitateur, chef de daïra, SG de wilaya, exécutif, banques, validation, approbation… ». De plus, il n'y a personne pour démêler l'écheveau bureaucratique étalé sur les planches. Les budgets sont par contre faciles à déchiffrer. Pour le programme FNDRA, il est réservé 55 millions de dinars pour la zone de Bouzeguène, et 12 millions de dinars pour la commune d'Illoula. Combien d'agriculteurs ont pu profiter de cette manne en attente ? Les deux jeunes comptent sur leurs doigts. Ils n'iront pas au-delà de trois. Le bilan est sans doute un peu plus important. Un homme s'approche des deux jeunes, et demande s'il y a une possibilité d'un stage ou d'un emploi pour sa fille, titulaire d'un CAP en arboriculture. « On ne travaille pas dans l'administration », lui répondent-ils. L'homme repart, et rejoint son propre stand. Il vend des… CD. Du vinyle, en attendant les fruits arboricoles.