Dès l'ouverture et jusqu'à la fermeture des bureaux de l'Agence nationale pour l'emploi (ANEM), des attroupements de dizaines de personnes se forment pour faire le pied de grue dans l'espoir d'un travail pour quelques heures, la journée ou à la semaine. A l'intérieur de cette agence, une table, quelques chaises et deux jeunes filles assurent la mission d'accueillir, de renseigner ou d'orienter les demandeurs d'emploi. Les jeunes et moins jeunes des deux sexes n'aiment pas être vus dans les parages de cette institution. Elle représente pourtant un incontournable tremplin pour leur permettre d'accéder au monde du travail. « Il m'importe peu de travailler sous contrat. Tout ce que je veux est faire vivre ma famille même au jour le jour. Je suis prête à faire tout ce qu'on me demande pour peu que ce soit honnête », a répondu d'un ton empreint d'une grande lassitude Zahia L., la quarantaine, mariée, quatre enfants, anciennement assistante sociale dans une grande entreprise publique, au chômage autant que son époux. Voir sortir un des prétendants au travail avec le document assimilé à un visa pour le travail est rare. Ce sont beaucoup plus les employeurs occasionnels intéressés par une femme de ménage, un cuisinier... qui se présentent, discutent du prix/heure à même le trottoir pour repartir aussitôt la transaction réussie.