Près de dix représentants de syndicats du secteur de l'éducation nationale ont fait hier le déplacement jusqu'à l'Institut de formation et de perfectionnement des maîtres (ex-ITE) situé à Ben Aknoun pour assister à la journée d'étude consacrée au statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale organisée par le département de M. Benbouzid. Les représentants des travailleurs de ce secteur névralgique ont répondu favorablement à l'invitation du ministre de tutelle dans l'espoir de le convaincre de plaider leur cause auprès du gouvernement pour qu'il revoie la nouvelle grille des salaires qualifiée par eux de décevante et d'injuste. Depuis une année, les pouvoirs publics n'ont pas cessé de nous marteler que la nouvelle grille des salaires réglera nos problèmes et rendra sa dignité à l'enseignant. On nous a promis monts et merveilles et finalement c'est la montagne qui a accouché d'une souris. Notre salaire n'a pas changé, alors que le salaire est une question d'avenir et du devenir de l'école », a tonné M. Ider, président de l'UNPEF. Ce dernier a refusé de soumettre à la tutelle leurs propositions concernant le statut de l'enseignant arguant, en guise de réponse au ministre, qu'un syndicat n'a pas pour mission de proposer mais de négocier. « Le fait de ne pas soumettre de propositions n'est pas une stratégie comme l'a souligné le ministre, mais une réponse à une stratégie adoptée par notre tutelle. Nous n'avons pas à proposer pour qu'ils en disposent », fera remarquer le représentant de l'UNPEF. Hier, la déception était visible sur les visages des syndicalistes. Ils sont sortis déçus parce qu'ils ont constaté que l'élément fondamental concernant de près l'enseignant et ayant trait aux salaires ne figurait pas à l'ordre du jour de la réunion. « Je ne suis pas venu à cette réunion pour débattre du recrutement des enseignants mais de la nouvelle grille des salaires. Le Pest a été rabaissé et dégradé. Personne n'est dupe : ces augmentations des salaires ne dépasse pas les 15% », a souligné M. Ider regrettant, par la même, que le statut particulier qui doit être un complément du statut général est devenu un appendice. « Les responsables de la Fonction publique ont limité notre champ d'action, nous n'avons pas le droit de sortir du cadre tracé », a soutenu notre interlocuteur. De son côté, M. Mériane du Cnapest, sans tergiversations, pense que l'Etat ne peut pas faire face à la masse salariale. « Ces augmentations ne prennent pas en considération la réalité sociale du citoyen algérien et ne répondent pas aux aspirations des travailleurs de l'éducation, et puisque le ministre est dans l'incapacité de nous aider à réparer cette injustice, nous allons mener des actions de protestation. Nous ne baisserons pas les bras », a souligné M. Mériane. L'ensemble des syndicats ont affiché leur mécontentement et envisagent après consultation de la base d'adhérer pleinement à toutes les actions de protestation, notamment celle du 6 octobre. La majorité des syndicats a dénoncé la décision du gouvernement d'augmenter les salaires sans recourir aux partenaires sociaux. Ils ont, en outre, relevé que la nouvelle grille des salaires a omis certaines primes. Pour sa part, le ministre de l'Education s'est montré très disponible à travailler avec les syndicats de son secteur tout en tentant d'expliquer que la nouvelle grille des salaires est étroitement liée au statut particulier de l'enseignant. « Il y a lieu de préciser que les augmentations des salaires sont conséquentes et elles seront mises en évidence une fois le statut particulier de l'enseignant achevé. Cependant, en tant que ministre, je peux vous assurer que l'Etat ne révisera pas ce document qui a été adopté par le Conseil des ministres. Il faut être réaliste ! », s'est exclamé le ministre. Abordant, lors de l'ouverture de la journée d'étude, le projet portant sur le statut particulier de l'enseignant, le ministre rappellera qu'après l'annonce de l'élaboration d'un nouveau statut de la Fonction publique le 15 juillet 2006, le secteur de l'éducation a ouvert le dossier du statut particulier de l'enseignant, devenant le premier secteur à suivre ce processus, et installé une commission nationale d'élaboration des propositions des partenaires sociaux dans ce sens. Selon le ministre, une loi est en cours d'élaboration. Celle-ci permet de conférer un caractère spécial à la fonction de l'enseignant et d'en définir les perspectives. La réunion d'hier, a précisé le ministre, vise entre autres à évaluer l'action entreprise par la commission centrale chargée de ce dossier, y compris les contributions des syndicats qui activent dans le secteur. S'adressant aux représentants des syndicats présents, le ministre a lancé : « Nous sommes appelés à travailler ensemble en toute sincérité, transparence et objectivité pour élaborer un statut conforme aux aspirations de l'enseignant algérien », a-t-il dit en appelant dans ce contexte les partenaires sociaux à « finaliser le statut de l'enseignant avant fin octobre prochain afin qu'il soit soumis à l'approbation du gouvernement et du Parlement ».