Il a fallu attendre longtemps, au point que la pression a atteint son paroxysme, par médias interposés autour des relations énergétiques entre l'Algérie et l'Espagne pour qu'enfin le gouvernement livre la version « officielle » des faits. Il s'agit particulièrement des intérêts économiques entre le groupe pétrolier Sonatrach et les firmes espagnoles sur les projets de Gassi Touil et de l'entrée dans le capital de Cepsa. Par la voix de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, plusieurs aspects ont été éclaircis et des décisions rendues publiques. Après avoir rappelé l'activité de Sonatrach dans les différents pays européens dont l'Espagne à travers l'association de distribution de gaz avec Cepsa, M. Khelil a balayé d'un revers de la main l'existence d'intentions de prendre de nouvelles participations dans d'autres entreprises, y compris Cepsa. « Nous n'avons aucun projet en ce moment pour l'achat d'aucune participation, quel que soit son pourcentage et dans n'importe quelle autre société », a souligné le ministre hier lors d'un point de presse tenu en marge d'une visite d'inspection à la station de dessalement du Hamma (Alger). La presse internationale, reprise localement, avait révélé durant la semaine dernière l'existence d'une offre de 5,7 milliards d'euros pour l'acquisition de 30% du capital de Cepsa détenu par la banque Santander. L'effet d'annonce avait, faut-il le préciser, revalorisé la capitalisation boursière de l'entreprise espagnole passant à 10 milliards d'euros. M. Khelil s'est par ailleurs attardé sur le projet intégré de développement du gisement de Gassi Touil dont le contrat conclu en 2004 a fini par être résilié en raison des retards constatés dans l'avancement du projet, ce qui compromettait les perspectives d'exportation de gaz algérien, notamment en dehors de l'Europe. D'emblée, le ministre de l'Energie déclare que « la résiliation du contrat n'a pas été décidé du jour au lendemain et n'a pas été prise à l'improviste ou à la légère ». La genèse du conflit telle que racontée par l'animateur de la conférence remonte à septembre 2006. Durant plusieurs mois, révèle M. Khelil, « il y a eu des discussions et l'analyse de possibilités pour trouver une solution aux problèmes. Ce n'est qu'après avoir épuisé toutes les possibilités que Sonatrach a pris la décision d'aller à l'arbitrage international ». Un recours formalisé le 4 juillet dernier. S'en est suivi une période de conciliation de deux mois durant laquelle Sonatrach et ses partenaires espagnols devaient trouver une solution à l'amiable. Ce qui n'est pas arrivé, déplore le ministre, qui précise qu'au terme de trois mois de sollicitation d'arbitrage international, la loi autorisait la compagnie nationale des hydrocarbures à reprendre en main les opérations. Ce qui est en cours puisque des équipes de Sonatrach sont sur place avec celles des partenaires pour opérer « le transfert des opérations », ajoute encore M. Khelil. Et Sonatrach, sauf survenance d'un accord à l'amiable avant que l'arbitrage ne se prononce définitivement (éventualité envisagée par Khelil), n'est pas près de tenter de nouveau l'expérience avec d'autres partenariats. La thèse qui donnait Gaz de France comme repreneur potentiel du chantier a été démentie. Pour M. Khelil : « Sonatrach va prendre les opérations en main et n'a pas de partenaire et ne prendra pas de partenaire dans ce projet. » M. Khelil confirme les propos du PDG de Sonatrach qui s'exprimait deux heures auparavant sur l'alliance envisagée avec GDF. Mohamed Méziane avait déclaré sur les ondes de la Radio nationale : « On n'a jamais discuté de Gassi Touil avec GDF, c'est de la spéculation. » Aussi, M. Khelil s'est interdit de donner une dimension « politique » aux problèmes que vit Sonatrach avec ses partenaires espagnols. Gassi Touil et la renégociation des prix du gaz sont des affaires « purement commerciales », a-t-il répété. Il n'est pas dans les habitudes de l'Algérie d'afficher de l'hostilité vis-à-vis des compagnies d'un autre pays, rassure M. Khelil. « Il n'y aura aucun effet négatif sur les entreprises étrangères. Les entreprises espagnoles vont continuer à travailler en Algérie, notamment dans la prospection, et nous ferons de même en Espagne. »