Il y a tout juste dix ans, dans l'après-midi du 27 septembre 1997, douze enseignants, dont onze jeunes femmes, étaient tués à l'arme blanche à Sidi Bel Abbès lors du plus effroyable massacre en Algérie depuis l'avènement du terrorisme. Un massacre commis par un groupe terroriste, près de la localité de Aïn Adden, à plus de 60 km à l'est de la ville de Sidi Bel Abbès. Dix ans plus tard, cet effroyable drame est toujours à l'esprit des familles des victimes. Même si au fur et à mesure, Aïn Adden a retrouvé un nouveau visage en se reconstruisant. « Cependant, vivre avec le passé n'est pas une chose facile. De terribles souvenirs hantent toujours les victimes », reconnaît Younès, représentant de l'Organisation des familles victimes du terrorisme (ONVTD). Interrogations, accusations, doutes : les proches veulent connaître la vérité dix ans après. Qui est responsable de ce drame qui a coûté la vie à Dich Amina, Tounsi Aziza, Boudaoud Kheïra, Bouteraa Rachida, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Fliou M'hamdia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheïra, Bouali Hanafi Sahnounia et Saber El H'bib. Des enseignants qui malgré les menaces renouvelées du GIA ont continué à inculquer le savoir à de jeunes enfants au moment où le pays tout entier glissait vers l'inconnu. Le procès des assassins présumés des instituteurs de Aïn Adden devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Selon des sources judiciaires, l'affaire aurait été inscrite au rôle de la prochaine session criminelle qui débutera à la mi-octobre. Bahri Djillali, alias Dib El Djiâne (ndlr : le loup affamé), 51 ans, ancien berger, devrait donc comparaître une nouvelle fois devant le tribunal criminel pour répondre pour les charges retenues contre lui. Détenu au pénitencier de Sidi Bel Abbès, il a été déjà condamné à deux reprises en mai dernier par la même juridiction à la peine de mort pour faits de terrorisme commis entre 1996 et 1999. Quelques jours après le verdict rendu par le tribunal, l'ONVTD avait déclaré que les crimes innommables perpétrés par Bahri Djillali et ses acolytes « demeurent à jamais gravés dans la mémoire ». Pour rendre hommage aux douze enseignants, quelques proches se sont recueillis, vendredi dernier, devant la stèle érigée en 2002 sur la route reliant Sfisef à Adden. Une stèle élevée à une dizaine de kilomètres de Sfisef à l'endroit même où furent égorgés les douze enseignants.