Selon certains témoins, les terroristes ont poussé leur barbarie jusqu'à étrangler un bébé de deux mois. Vingt et une personnes ont été massacrées et cinq autres grièvement blessées, tel est le bilan de l'incursion terroriste perpétrée dans la localité de Boukadir, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Chlef, par un groupe armé, dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce sont les trois domiciles de la famille Oukid, situés à l'extrémité du douar Khmaïss, qui constituent le prolongement du village d'Ouled Abdellah, à quelques kilomètres seulement au sud de Boukadir, qui ont été ciblés par le groupe terroriste. “Il était 22 heures passées lorsque nous avions entendu les cris des victimes qui ont été suivis d'une série de coups de feu. Les rafales étaient tellement pressantes et successives qu'elles ont été entendues à partir de la ville de Boukadir”, témoigneront plusieurs habitants du village, sur les lieux du drame et devant la morgue de l'hôpital de Sobha où toutes les victimes de cette ignoble tuerie ont été évacuées. Sur les lieux du massacre, la consternation et la douleur se lisaient, hier, sur les visages des villageois présents. Les femmes qui sont venues par petits groupes constater le forfait des terroristes n'ont pu contenir leurs larmes et leurs cris de détresse. “Win rahi l'houkouma ? Win rahi eddoula ? Win rahoum r'djal ? (où est l'Etat et où sont les hommes ?)”, s'interrogent plusieurs femmes. Certaines d'entre elles se sont écroulées sous le choc, et ce, après avoir vu l'état plus que désastreux dans lequel se trouvait l'intérieur des trois domiciles attaqués la veille. De grosses flaques de sang étaient encore visibles dans toutes les pièces, ainsi que sur les matelas. “Les membres de la famille Oukid qui se trouvaient à l'intérieur de leur grande maison ont été surpris dans leur sommeil. Certains d'entres eux ont été achevés à l'arme blanche, d'autres égorgés et le reste a été criblé de balles par les assaillants dont nombreux portaient des tenues militaires”, racontent des témoins. Ils ont également ajouté que les terroristes n'ont trouvé aucune gêne à tuer par strangulation un bébé de deux mois jusqu'à l'éjection complète de ses yeux. Il est à signaler aussi que toutes les autres victimes (hommes, femmes et enfants) sont âgées entre 10 et 50 ans. A. C. “On les a vus, il y a une semaine !” • “Il y a à peine une semaine de cela, nous avons remarqué, à maintes reprises, la présence d'individus étrangers à notre douar qui brillaient par leurs va-et-vient de jour comme de nuit. En ce qui nous concerne, on était sûrs qu'il s'agissait de terroristes qui prenaient certainement connaissance des lieux avant de passer à l'acte. C'est pour quoi, d'ailleurs, nous n'avions pas tardé à aviser les autorités sécuritaires compétentes pas mal de fois. Seulement, limen tahki zabourek ya Daoud ! Personne ne nous a pris au sérieux. Bien au contraire, on nous a taxés de perturbateurs. Notre responsabilité est donc entièrement dégagée. Un massacre dans notre douar, on l'attendait. Cela fait aussi bien longtemps que nous avons demandé aux autorités locales de nous armer, mais en vain. Jusque-là, nos doléances sont restées lettre morte. On ne dispose pas d'armes suffisantes et ce qui est grave, c'est que notre localité est démunie de poste de surveillance. Notre signale d'alarme nous l'avions déjà donné au lendemain du massacre perpétré également dans notre douar, le 5 septembre dernier, et qui avait coûté la vie à 4 personnes”, lanceront de nombreux villageois à Ouled Abdellah. A. C. L'enterrement a eu lieu hier • Les victimes du massacre de Ouled Abdellah ont été enterrées, hier après-midi, au cimetière H'maïssa, à quelques centaines de mètres du lieu de l'attentat, en présence de plus d'un millier de personnes. Les victimes de cet attentat terroriste, appartenant à la famille Oukid, ont été tuées par balles et des armes blanches. Des femmes, enfants, nourrissons et vieillards figurent parmi les victimes. Dans la nuit de mardi à mercredi derniers, 15 élèves d'une école coranique de la commune de Ouled El-Hadjadj (wilaya de Chlef) avaient été assassinés par un groupe terroriste, alors que deux personnes avaient été tuées dans un faux barrage durant la même nuit à Ouled Benabdelkader, dans la même wilaya, rappelle-t-on.