Le procès des accusés dans le drame des enfants circoncis s'ouvrira demain au tribunal d'El Khroub et opposera les parents des victimes au médecin auteur de la circoncision ainsi qu'à l'hôpital et à l'APC d'El Khroub en tant que responsable civil. Le drame survenu à l'occasion d'une circoncision collective, organisée en octobre 2005 par la mairie d'El Khroub, avait fait neuf victimes parmi les enfants dont les plus affectés ont perdu leurs verges. On se souvient que l'Etat, par la bouche de Amar Tou, ministre de la Santé, s'était engagé à prendre en charge les soins des enfants « Ce sont mes enfants », avait-il déclaré et de veiller à ce que les fautifs soient punis. « Je vais les brûler comme ils ont brûlé ces enfants », avait-il ajouté. Mais deux années après, les parents se débrouillent toujours seuls avec leurs enfants mutilés. Exception faite du professeur Hantala qui aurait accompli des miracles, selon les propos de l'un des parents, les autorités, aussi bien au niveau local que central, se sont vite détournées de la question. Par ailleurs, des manœuvres dilatoires auraient empêché le bon déroulement des enquêtes. Ce qui explique, selon l'interprétation des parents, une volonté de blanchiment des coupables et d'éviter un cas de jurisprudence, ce qui pousse les parents à désespérer de la démarche judiciaire. L'un d'eux, M. Zouaghi, affirme, dépité, qu' « ils nous ont tous menti, nous sommes blasés et nous ne nous faisons aucune illusion sur l'issue du procès ». Cette désillusion est appuyée par le refus signifié aux parents par les services de wilaya de créer une association dénommée Douleur et Espoir qui a pour objectif de veiller au respect de la décision ministérielle réglementant les circoncisions collectives. Par ailleurs, le juge d'instruction avait qualifié l'affaire selon la formule « handicap durable causé par la négligence et la faute professionnelle », délits punis par l'article 239 du code de la santé.