Benachenhou paraissait courroucé à l'issue du vote des parlementaires qui ont rejeté dans le projet de loi de finances 2005 l'essentiel des dispositions portant hausse des prix de certains produits, s'opposant par là même à sa proposition d'annulation de l'interdiction d'importation du vin préjudiciable, selon lui, aux engagements internationaux de l'Algérie. Le ministre des Finances disait ne pas comprendre l'absence de solidarité des partis de la « coalition » (que sont le RND, le FLN et le MSP) avec le gouvernement. Curieux procès : il n'ignore pourtant pas que, jusque-là, l'APN s'est alignée quasiment en bloc - à quelques voix discordantes mais éparses - derrière l'Exécutif, auquel elle sert quasiment de « chambre d'enregistrement ». Jusque-là, tous les textes de loi sont passés comme une lettre à la poste. Pour une fois, les députés ont joué quelque peu leur rôle de « contrepouvoir » et de « représentants du peuple » en contrant ce qui leur a été proposé comme augmentations de prix, à l'évidence aussi impopulaires qu'injustifiées : l'excellente santé financière du pays autorisait légitimement un répit en matière de pression fiscale en direction des citoyens, lesquels doivent croire qu'ils ne peuvent être exclus de la revalorisation à l'échelle mondiale des prix des hydrocarbures. Le fond du problème est là, dans l'adaptation intelligente de la loi de finances, laquelle doit servir en principe à renflouer les caisses de l'Etat en temps de vaches maigres, c'est-à-dire un pétrole à bas prix, et à améliorer le pouvoir d'achat lorsque l'embellie est au rendez-vous. En dérogeant à cette orthodoxie économique - dont il se dit pourtant vigilant gardien -, le ministre des Finances a donné aux députés une occasion en or d'ôter leur casquette de « coalisés » pour prendre en faute le gouvernement et en même temps se remobiliser pour la reconduction de l'interdiction de l'importation du vin, mesure qui leur est idéologiquement très productive. Il reste à l'Exécutif l'étape du Sénat pour contrebalancer le vote de l'APN, mais il perdra encore des plumes s'il fait jouer la majorité automatique qui lui est acquise car, dans le fond, il n'a pas d'arguments crédibles à présenter.