Le récent dépassement de la barre des 80 dollars par baril de pétrole a mis fin à un écueil psychologique qui a été géré d'une manière trop politique par l'opinion et quelques acteurs du marché. En l'espace de quelques années, le baril de pétrole a franchi graduellement les niveaux des 40 dollars, ensuite des 50 dollars, ainsi que des 60 et 70 dollars pour finir par accrocher la barre des 80 dollars. Le brent avait atteint la barre des 80 dollars le 29 septembre dernier. Sur le marché new-yorkais, le light sweet crude avait même dépassé la barre des 84 dollars le baril, le 21 septembre. Après avoir atteint celle des 80 dollars le 12 septembre. Paradoxalement, cette cascade des records est survenue après la réunion de l'Opep tenue le 11 septembre dernier à Vienne et qui avait donné lieu à une décision d'augmenter le plafond de production de 500 000 barils par jour à partir du 1er novembre avec des objectifs de production qui passeront de 25,8 millions de barils par jour à 27,2 millions de barils par jour, soit 1,4 million de barils de plus. En réalité, l'Opep n'a fait qu'officialiser sa production réelle puisqu'elle dépassait déjà son plafond de production de 1 million de barils par jour. Si le marché n'a pas pris en compte l'augmentation décidée par l'Opep, c'est qu'il est marqué par des données multiples qui le rendent très serré, données qui favorisent l'activité des fonds d'investissement très actifs ces derniers temps sur le marché pétrolier après un retrait dû à la période de la crise des crédits immobiliers à risque. Les données sont aussi bien géopolitiques que météorologiques. L'éloignement de l'hypothèse d'un fléchissement de la demande due aux problèmes que vit l'économie américaine et la vigueur de la demande en pétrole en Chine et en Asie ont fini par pousser les prix vers le haut malgré la décision prise par l'Opep de calmer le marché. Mais en réalité, la faiblesse de la valeur du dollar a beaucoup joué dans cette bonne tenue de la demande, puisque le recul très marqué du dollar par rapport à l'euro a favorisé les achats de pétrole. Sur un autre plan, l'augmentation du prix du baril de pétrole n'a pas provoqué de panique. Comparé à la valeur du dollar du début des années 2000, le prix du baril de pétrole se situe réellement aux environs des 50 dollars. De plus, les pays de l'Opep se trouvent confrontés à une augmentation sans précédent des coûts des installations de production et des services dans le secteur de l'énergie. Le prix des installations de production a doublé quand il n'a pas triplé dans certains cas. Avec un baril de pétrole à 70 dollars, les pays de l'Opep semblent trouver un équilibre puisqu'ils n'ont manifesté leur inquiétude qu'après que le baril ait dépassé la barre des 80 dollars.