Les cours du pétrole dans les échanges européens ont terminé en petite baisse, vendredi, affectés par un mouvement de renchérissement du dollar, le marché marquant une pause au terme d'une semaine de forte progression. A 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre perdait 42 cents par rapport à la clôture de la veille, à 71,13 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE). A la même heure, le brut léger texan (WTI) pour livraison en octobre cédait 58 cents à 71,89 dollars sur le New York Mercantile Exchange. A New York, les cours se sont repliés. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre a terminé à 72,04 dollars, en recul de 43 cents par rapport à la clôture de jeudi. "On a quelques prises de bénéfices, des opérateurs qui liquident leurs positions avant le week-end", a noté Mike Fitzpatrick, de MF Global, pour qui la baisse n'était pas très significative. "Après une semaine correcte, le baril baisse. Le pétrole évolue avec d'autres matières premières comme le cuivre, alors qu'émerge l'inquiétude que les choses soient allées un peu vite", a expliqué Bart Melek. D'une manière générale, les investisseurs ont mis de côté les éléments traditionnels d'équilibre du marché ces derniers temps. "L'offre est généreuse, la demande relativement faible, et les réserves sont élevées, mais les marchés pétroliers accordent plus d'attention au dollar faible et au solide marché boursier américain", a observé Adam Sieminski, de Deutsche Bank. Les cours se sont maintenus au-dessus de 72 dollars, dans la partie haute de la marge étroite dans laquelle évolue le baril depuis trois semaines. Vendredi, sur un marché très calme, les prix pâtissaient d'une légère appréciation du dollar face à l'euro, la monnaie unique étant victime de prises de bénéfices après avoir grimpé la veille à son niveau le plus élevé sur un an. En l'absence d'indicateurs ou de nouvelles importantes, les cours du pétrole fluctuaient en fonction de la valeur du dollar et du mouvement des Bourses. "On reste dans le même schéma depuis le début du mois de juin", estimait Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix. Le pétrole "monte en même temps que les marchés d'actions, sur le principe que le redressement de la demande est liée à la reprise économique, mais il se heurte à un mur, avant d'atteindre 75 dollars le baril" car les prix sont freinés par "une demande actuellement faible, en raison de niveaux de stocks toujours élevés", expliquait-il. Les cours du brut se sont rapprochés cette semaine de leurs niveaux les plus hauts de l'année, dépassant 72 dollars à New York, en réaction à un affaiblissement marqué du dollar et à des signes de reprise économique. Mais leur avancée, qui a pris fin jeudi, butte sur la réalité physique du marché : les stocks mondiaux sont à des niveaux historiquement élevés, notamment ceux de distillats, et la demande mondiale s'affiche toujours en baisse sur un an. Les acteurs du marché continuaient par ailleurs à suivre le débat en cours sur une régulation plus stricte du marché pétrolier, opposant la place de Londres à celle de New York. Le CME (la Bourse de Chicago), qui opère le New York Mercantile Exchange (Nymex) et l'ICE (opérateur du marché londonien) ont pris des positions opposées dans le débat sur le rôle qui sera confié au CFTC, le gendarme américain des marchés de matières premières, rapportaient les analystes du cabinet JBC Energy. Jeudi, la place de Londres a jugé, dans un communiqué, que le projet de renforcement des règles du marché proposé par Chicago contenait des éléments "défectueux et potentiellement anti-compétitifs". "Le CFTC a du mal à trouver un accord avec ses homologues étrangers sur le sujet des limites de positions", ces nouvelles règles "pouvant déplacer l'activité des Etats-Unis vers d'autres pays, “si les limites de position sont appliquées de façon unilatérale", décryptait JBC Energy. Des analystes ont exprimé l'inquiétude que les règles "anti-spéculation" envisagées aux Etats-Unis ne réduisent la liquidité -- le volume d'échanges -- du marché pétrolier. Pour sa part, le prix du panier pétrolier OPEP (OPEC Reference Basket of Crudes), en hausse de 1,5 dollar environ jeudi, a franchi la barre des 70 dollars le baril, a annoncé le cartel pétrolier dans un communiqué. Jeudi le panier a augmenté de 1,58 dollar pour atteindre 70,27 dollars le baril contre 68,69 la veille. Le baril avait culminé à 140,73 dollars le 3 juillet 2008, avant de connaître une chute fulgurante sur fond de crise financière mondiale. En 2008, le prix moyen du brut a atteint 94,45 dollars, mais il coûtait en moyenne 41,52 dollars en janvier 2009, 41,35 dollars en février, 45,78 dollars en mars, 50,2 dollars en avril, 56,98 dollars en mai, 68,36 dollars en juin, 64,59 dollars en juillet et 71,35 dollars en août.