C'est la semaine du nucléaire, mais à géométrie variable même si elle met, avec des chances différentes, trois pays face à la communauté internationale. A commencer par la Corée du Nord qui entame une certaine ouverture et une forme de dégel qui n'est pas assimilée de la même manière aussi bien par les Coréens que par leurs différents interlocuteurs. Les premiers pensent apparemment avoir atteint un objectif, celui de posséder l'arme nucléaire après l'avoir expérimentée. Ils parlent de miracle même s'il est question de tout ranger. En effet, et un an jour pour jour après avoir procédé à son premier essai nucléaire, largement condamné par la communauté internationale, la Corée du Nord a célébré l'événement mardi, la presse officielle évoquant un « miracle pour le peuple » nord-coréen. Le 9 octobre 2006, le leader nord-coréen Kim Jong a fait régner sur le pays un « ciel de paix durable, de prospérité et d'espoir », selon le Rodong Sinmun, organe officiel du Parti des travailleurs, sans directement mentionner l'essai nucléaire. Un an après cet essai, à l'issue des discussions menées à Pékin entre les six pays négociateurs (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie), la Corée du Nord a accepté un calendrier pour les prochaines étapes de sa dénucléarisation, s'engageant à démanteler ses installations de Yongbyon avant le 31 décembre, sous la supervision des Etats-Unis, selon un accord dévoilé mercredi par la Chine. Dans le cadre de cet accord, Pyongyang s'est aussi engagé à divulguer la « liste complète », selon Pékin, de ses installations nucléaires. Les trois installations de Yongbyon, dont le réacteur expérimental de cinq mégawatts, seront démantelées au 31 décembre prochain, toujours selon l'accord. Ce pays va débuter ces jours-ci le processus de démantèlement de ses équipements nucléaires pour l'achever à la fin de l'année. Les Etats-Unis seront « fortement impliqués » sur le terrain dans le processus de dénucléarisation de la Corée du Nord dans le cadre d'un accord conclu entre les six pays participant aux négociations, a indiqué de son côté le secrétaire d'Etat adjoint Christopher Hill. « Nous anticiperons en ayant des personnes sur le terrain pour participer à la dénucléarisation par exemple », a ajouté Christopher Hill. Le département d'Etat américain a annoncé mardi que les Etats-Unis avaient approuvé l'accord de principe conclu entre les six pays négociateurs (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie). La Corée du Nord avait donné son accord, le 13 février, pour abandonner son programme nucléaire en échange d'une importante aide énergétique et de garanties dans le domaine de la sécurité, quatre mois après avoir fait exploser sa première bombe. Est-ce là le miracle coréen puisque, selon cette logique, la Corée du Nord va sortir de l'isolement international, quitter la liste américaine des pays soutenant le terrorisme, et enfin bénéficier d'une aide massive ? L'autre volet de cette semaine concerne l'Iran qui n'a pas encore la bombe et qui nie vouloir la posséder, mais affirme ne pas renoncer au processus d'enrichissement. Une délégation de l'AIEA (agence internationale de l'énergie atomique) a débarqué récemment à Téhéran pour de nouvelles discussions au sujet des questions en suspens sur le programme nucléaire iranien. Les questions de l'AIEA sur les centrifugeuses d'enrichissement d'uranium P1 et P2 « seront évoquées à cette occasion », selon une source officielle iranienne. De précédents entretiens sur ce thème on eu lieu à Téhéran en septembre. Ces discussions entrent dans le cadre de l'accord conclu le 21 août entre l'AIEA et Téhéran, qui fixe un calendrier pour que l'Iran réponde aux questions en suspens sur son programme nucléaire. Le directeur de l'AIEA, Mohammed El Baradei, a engagé récemment l'Iran à coopérer activement dans ce domaine, faute de quoi il s'exposerait à un « retour de flamme ». Les pays occidentaux entendent accentuer les sanctions de l'ONU contre la République islamique si elle ne suspend pas son enrichissement d'uranium. Ils ont toutefois accepté d'attendre un rapport de l'AIEA à la mi-novembre sur la coopération de l'Iran avec l'Agence avant d'aller de l'avant au Conseil de sécurité. Après avoir affiché quelque empressement à sanctionner l'Iran, les Etats-Unis s'en prenant même au directeur de l'AIEA, ces pays ont accepté de temporiser et réhabilité M. El Baradei dans ses attributions. Ce qui n'est pas peu. Reste l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Iran. La marge est réellement étroite, surtout depuis qu'il est apparu que les pays occidentaux sont eux-mêmes divisés sur la nature des sanctions, certains ne voulant pas être sacrifiés au passage.