La disparition du chef de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat pose d'ores et déjà la délicate question de la succession du Raïs dont le nom est associé à la cause palestinienne depuis plus d'un demi-siècle. Le charisme de l'homme, ses convictions, son parcours militant sont autant de référents qui donnent au processus de succession les contours d'un véritable défi que les Palestiniens se doivent de relever pour éviter le chaos qui guette à leurs portes. Soutien Le vieux Raïs a survécu à toutes les tentatives de l'intérieur comme de l'extérieur des territoires palestiniens d'isoler le leader palestinien, jugé par les Israéliens et leurs alliés trop inflexible dans la mise en œuvre du processus de paix. Son confinement dans son quartier général de la Moqataâ à Ramallah, depuis trois ans, restreignant ses contacts avec les personnalités étrangères, n'a pas réussi à entamer le capital de sympathie et le soutien dont il jouit auprès des Palestiniens, surtout ceux de l'intérieur, avec lesquels il a partagé les dernières années, après son retour à Ramallah, toutes les péripéties de la politique de la terre brûlée menée par le gouvernement israélien dans les territoires libérés avec leurs lots quotidiens de bombardements et d'assassinats des dirigeants palestiniens. Conforté par son statut de combattant de l'intérieur après avoir longtemps milité sur tous les fronts à l'extérieur, de son long exil, Arafat a placé la barre de la succession très haut. Au plan constitutionnel, c'est le président du conseil législatif palestinien Rawhi Fattouh qui est chargé d'assurer l'intérim des affaires de l'Autorité palestinienne pendant une durée de 60 jours en attendant d'organiser des élections. Depuis la maladie de Arafat et son transfert à Paris, c'est le premier ministre Ahmed Qoreï, secondé par le numéro deux du comité exécutif de l'Olp, Mahmoud Abbas, qui expédient les affaires courantes. Le président Arafat n'a pas jugé indispensable de désigner une personnalité pour assurer l'intérim. Les deux dirigeants palestiniens ont multiplié les réunions avec les principaux mouvements palestiniens depuis la détérioration de l'état de santé de Arafat pour éviter que la situation difficile que traverse les Palestiniens ne soit instrumentalisée par les ennemis de la cause palestinienne pour précipiter les Palestiniens dans le chaos en réveillant les démons des luttes fratricides entre factions palestiniennes. Les mouvements islamistes du Hamas et du Djihad islamique, qui se sont toujours opposés à la ligne de Arafat accusé de mollesse par rapport aux concessions faites à Israël dans le cadre du processus de paix, se sont engagés à taire leurs divergences avec l'Autorité palestinienne et l'Olp au nom de la préservation de l'unité nationale. Mais ils n'ont pas fait mystère de leur volonté d'être associés dans les institutions du pays où ils ne sont pas représentés. Les pressions et les appétits de pouvoir se manifestent de toutes parts, y compris des mouvements radicaux qui n'entendent pas laisser le terrain libre à la seule organisation de libération de Palestine qui a fourni jusqu'ici tous les cadres des institutions de l'Autorité palestinienne. Ambitions Les proches de Arafat s'activent dans cette course au pouvoir pour que la succession ne sorte pas du cadre tracé par Arafat. Le Premier ministre Ahmed Qoreï et le secrétaire général du comité exécutif de l'Olp, Mahmoud Abbas, apparaissent à cet égard les mieux placés pour succéder au Raïs. Ils ont suivi le leader palestinien en exil à Tunis et sont revenus avec lui dans les territoires palestiniens, un long compagnonnage politique et militant qui devrait naturellement jouer en leur faveur. Cela évidemment si la succession se passe sans heurts et dans un climat de consensus national. Ce qui n'est pas évident. Une nouvelle génération de cadres proches de Arafat qui ont la particularité d'être beaucoup plus des hommes de terrain que des politiques nourrissent également des ambitions de pouvoir. C'est le cas de Mohamed Dahlan, nommé chef de la sécurité palestinienne, puis ministre de la Sécurité, un des architectes de l'Intifadha qui avait fait parler de lui lors des derniers affrontements interpalestiniens suite à la vague des kidnappings orchestrés par des milices palestiniennes contre des personnalités palestiniennes dont un proche de Arafat accusé de corruption.