Le succès remporté par les forces de l'ANP dans le maquis de Tébessa contre les phalanges terroristes du GSPC souligne, une fois de plus, le tournant « éradicationniste » que prend la lutte. Il n'est pas sans intérêt d'avancer que cette nouvelle stratégie a été empruntée depuis l'attentat qui a visé le 6 septembre dernier le cortège présidentiel à Batna, et ce ne sont pas les 15 terroristes éliminés avant-hier à El Ma Labiod, près de Tébessa, qui vont le démentir. Rien que dans la wilaya de Tébessa, les différentes katibates, affiliées à l'organisation menée par le sinistre Droudkel, ont subi des pertes, environ 120 hommes en l'espace de deux mois. L'opération de vendredi qui a déjoué une rencontre régionale ressemble à celle qui a eu lieu durant la première semaine d'octobre à Bir El Arch et qui s'est soldée par la mise hors d'état de nuire de pas moins de 22 terroristes. L'axe Tébessa-Khenchela-El Oued demeure un couloir de choix pour les terroristes islamistes depuis Abderrazak El Para. Mais la nouvelle géographie terroriste inclut désormais la région des Aurès (la zone 6), notamment à Batna, où se constituent de nouvelles phalanges grâce à des repentis recruteurs. Les plus importantes sont au nombre de trois et activent sous les ordres de l'émir Yahiaoui Abdelaâli, alias Younès Abou El Hassen. Le kamikaze Bellazreg El Houari, celui qui s'est fait exploser à Batna, était d'ailleurs membre de l'une d'elles, katibat el maout. Depuis l'attentat kamikaze, l'activité de ces groupes a été réduite à sa plus simple expression si l'on excepte l'attaque par des lance-roquettes traditionnels « heb-heb » qui a touché, sans dégâts, un quartier limitrophe de la ville de Batna. Grâce à l'efficacité du renseignement et les moyens importants déployés par l'ANP dans ses différents ratissages, l'étau s'est resserré sur ces groupes ainsi que leurs réseaux de soutien qui ont beaucoup perdu après les arrestations enregistrées en septembre et octobre dans les wilayas de Khenchela, M'sila, Constantine, Skikda et Tébessa. Pourtant, ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué. Constantine, où le terrorisme est éloigné depuis une dizaine d'années fait la cible d'une nouvelle volonté de déploiement terroriste. L'attentat à la bombe perpétré en mai dernier est venu alerter sur la baisse de vigilance de la lutte antiterroriste mais celui déjoué il y a quelques semaines exprime, en effet, l'intérêt porté par les stratèges du GSPC pour cette zone. Par ailleurs, l'activisme du GSPC n'a pas manqué totalement de réussite, hélas, puisque les services de sécurité de Constantine ont confirmé, il y a deux semaines, la disparition de 40 personnes âgées entre 17 et 20 ans et qui auraient été recrutées dans le cadre de la résistance irakienne avant d'être détournées par le GSPC afin de renforcer ses effectifs dans les maquis de Jijel et Skikda. Comme quoi, quand on veut…