Ces dernières semaines, les prix des produits courants ont connu une valse assez agitée. Les raisons sont multiples et il n'échappe à personne que les explications avancées pour justifier la hausse des produits importés ne sont pas apaisantes pour les ménages qui subissent en permanence une dégradation de leur pouvoir d'achat. L'indice des prix à la consommation (IPC) ne restitue pas cette érosion et la question se pose sur son rôle et surtout le crédit qu'il convient de lui accorder. Valeur qui sert à mesurer les évolutions de ce que nous payons lors de l'achat de certains biens et services de consommation courante, l'indice des prix à la consommation est calculé périodiquement par l'Office national des statistiques (ONS). Il est non seulement utilisé comme référence, mais aussi comme exutoire à certains mécontentements. Les syndicats sont les consommateurs attitrés de cet indice. Il permet de suivre l'évolution des prix et donc d'apprécier les tensions inflationnistes. Il joue un triple rôle économique, monétaire et financier, en cela, il permet de suivre l'inflation, mois par mois. L'IPC est également utilisé comme déflateur de nombreux agrégats économiques (consommation, revenus...) pour calculer des évolutions en volume ou en termes réels (" en dinars constants ") ; Il sert aussi à des fins de comparaison internationale, les indices de prix ont fait l'objet d'un travail d'harmonisation entre les services statistiques nationaux sous la coordination d'Eurostat. Les indices de prix à la consommation harmonisés (IPCH) ainsi obtenus ne se substituent pas aux IPC nationaux. L'indice national selon les indications fournies par l'ONS est élaboré à partir de l'observation des prix sur un échantillon de 17 agglomérations. Cet échantillon de villes et villages est représentatif de l'ensemble du territoire national. Pour Alger, la population de référence est constituée de l'ensemble des ménages de la capitale, de toutes tailles et toutes catégories socioprofessionnelles. L'indice ainsi qu'il précisé sur le site Internet de l'ONS, se compose de 260 articles représentés par 732 variétés sélectionnées sur la base de critères tels que la dépense annuelle, la fréquence de la dépense et l'utilité. Les pondérations des variétés sont calculées à partir des dépenses annuelles en 1988, déclinées par l'enquête nationale sur la consommation des ménages. Le taux de couverture de l'indice (en termes de dépenses de consommation) est de 95 %. Une faible part donc, moins de 5 %, des biens et services ne sont pas couverts par l'indice. Ces produits sont exclus pour des raisons méthodologiques. La classification des biens et services consommés en groupes, sous-groupes, articles est proche de celle recommandée par l'ONU dans le système de comptabilité nationale de 1970. L'année de base est 1988 et l'année de référence (100 pour les calculs) est 1989. La périodicité de l'indice est mensuelle. Un indice annuel est aussi calculé. Les fruits et légumes frais, en raison du caractère saisonnier de leur commercialisation, subissent un traitement particulier : à partir d'un panier mensuel de pleine saison, il est calculé un indice brut, lequel indice compare les coûts du même panier (mensuel) du mois courant et du mois de même nom de l'année de référence (1989). Les prix de base des variétés du panier, ainsi que les pondérations, sont mensuels. La comparaison d'indices bruts de mois de noms différents indique, non pas une variation (relative) pure des prix, mais le rapport des variations de prix pour chacun des mois. Les relevés de prix sont effectués périodiquement auprès d'un échantillon de points de vente selon un programme d'enquêtes fixé pour chaque groupe de produits. La première difficulté comme on peut le constater vient de ce qu'il existe un grand nombre de biens et services et donc de prix. La deuxième cause d'achoppement est imputable à l'hétéroclisme des ménages dont chacun diffère de la moyenne. Ainsi, par exemple, l'alimentation ou les loisirs ne représentent pas pour tous les ménages en termes de pourcentage, la même part dans le budget. Un ménage modeste ne s'y retrouvera pas si sa consommation se répartit selon des valeurs totalement inversées. Partant du constat que la structure de la consommation diffère selon les revenus, un indice par tranche de revenu serait plus approprié pour la mesure. Quand une personne, ou un ménage, a un revenu mensuel de 12000 à 20000 DA (cas relativement fréquent), et que un tiers du revenu part dans le loyer, un autre tiers part dans les services, et un dernier tiers dans les besoins courants et si la baisse de prix porte sur le produit à faible pondération et la hausse sur celui à forte pondération et que ce dernier représente dans le panier une part beaucoup plus importante, il s'ensuivra que l'indice n'aura pas le même sens pour tous. De ce fait, l'indice des prix communiqués n'aura aucune signification réelle. Chacun le lit à l'aune de sa propre subjectivité. L'indice, livré à des non-spécialistes pour décrire des comportements ne semble jamais "coller" au réel.Il reste que comme tout indicateur de mesure, il doit être pris avec la prudence qui s'impose.