Les temps sont durs pour les ménages algériens. Et c'est peu dire. Le poids du couffin devient insupportable pour les petites bourses, d'autant que le niveau des salaires ne suit pas l'évolution des prix à la consommation, lesquels battent des records. Il devient difficile pour l'Algérien de se nourrir correctement. Si la mercuriale de ces dernières semaines a donné aux ménages de bonnes raisons d'appréhender le temps des vaches maigres, le constat de l'Office national des statistiques est sans appel. Le rythme d'inflation moyen a atteint 6,1% au cours du premier trimestre 2009. Ainsi, l'inflation a connu une nette augmentation de 1,6 point, poussée par la forte augmentation des prix à la consommation sur le segment des produits agricoles frais. Rappelons, dans ce sens, que le taux moyen de l'inflation est de 4,5%, poussé par la hausse des prix des produits de base importés à l'image du lait, des huiles et des céréales. Néanmoins, la configuration actuelle du marché est foncièrement différente, puisqu'il ne s'agit plus d'une inflation importée, mais de la conséquence de l'anarchie qui règne sur les marchés des produits agricoles. En effet, l'ONS indique, dans son rapport, que cette variation, du moins très importante, du taux d'inflation est due à une forte hausse des prix des biens alimentaires (+8,9 %), avec +17,6% pour les produits alimentaires frais, 8,5 % pour les fruits,7,4% pour la pomme de terre et 4,8 % pour les viandes et poissons en conserve. Ainsi, ONS note une hausse de 38,9% des prix à la consommation du poisson frais, de 22,4% pour la viande de mouton, de 22% pour la volaille, le lapin et les œufs, de 17,4% pour légumes et de 11,90% pour la viande de bœuf. L'évolution des produits agricoles frais s'explique, selon l'ONS, par le relèvement des prix des légumes (+17%) et de la pomme de terre (28,4%). En revanche, les prix de la viande de poulet et des oeufs se distinguent par des chutes respectives de 8% et 4,1%. Comparativement au même mois de l'année dernière, les biens alimentaires se caractérisent par une hausse significative des prix avec +9,1%. L'augmentation est plus sensible pour les produits agricoles frais avec 19,8%. Le rapport de l'ONS précise, sur un autre chapitre, que les prix des produits alimentaires industriels ont connu une stagnation au cours des trois premiers mois de l'année 2009. A l'exception de la baisse des prix des huiles et graisses (-11,20%), tous les autres produits du groupe alimentation se sont inscrits en hausse au cours de cette période, comme le café et le thé (+12,1), Les sucres et produits sucrés qui ont enregistré une hausse de (9,8%), le lait, les fromages et dérivés ainsi que le pain et les céréales avec (+0,10%) pour chacun d'eux. L'ONS relève aussi une hausse de 5,9% pour les services et 1,9% pour les biens manufacturés. Pour sa part, le taux d'inflation enregistré durant le mois de mars dernier a connu une hausse de 1,9% par rapport au mois de février, soit une variation mensuelle équivalente à celle relevée le même mois de l'année écoulée. Cette croissance mensuelle est essentiellement le fait des biens alimentaires qui enregistrent un relèvement de 3,1%, induit, notamment, par l'augmentation des prix des produits agricoles frais (+5,4%). Le rythme d'inflation annuel (mars 2008 à mars 2009) se situe à 6,3%, selon les données de l'ONS. Cette variation annuelle est due, notamment, à une forte hausse des prix des biens alimentaires (+9,1%), avec +19,8% pour les produits agricoles frais, 6,5% pour les services, et 2% pour les biens manufacturés, précise l'ONS. De leur côté, les prix des produits alimentaires industriels ont connu une stagnation, au cours de cette période. Ainsi, les données de l'ONS ne font que refléter les réalités du marché où le citoyen devait en découdre avec un kilo de pommes de terre à 100 DA, des sardines à 350 DA le kilo, le poulet à 380 DA le kilo et des œufs à 15 DA pièce. Quant aux poissons blancs, crevettes, les viandes et les fruits, ces produits ont tout bonnement été rayé du menu de la majorités des Algériens. Qu'est ce qui pourrait bien expliquer le fait que l'on soit arrivés là ? la réponse est l'anarchie, l'appât du gain facile et le déficit en contrôle. Pour ce qui est des produits alimentaires, il faut bien garder à l'esprit que les secteurs agricole et de la pêche souffrent d'un déficit en vision globale, laquelle permettrait de cerner les besoins et les habitudes alimentaires des Algériens, de cerner également les capacités des deux secteurs, afin de tracer des stratégies de développement à même de garantir le minimum. Et au-delà des problèmes de l'offre, les facteurs endogènes aux marchés persistent à l'image de la fraude et de la spéculation lesquelles minent la filière agroalimentaire en aval. Même si on multiplie les contrôles, cela reste insuffisant au regard des facteurs de dissuasion qui sont pratiquement absents. Samira G.