Dans un rapport intitulé "Tendances et perspectives économiques 2007 pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient - MENA", la Banque Mondiale (BM) estime que les pays de la région connaissent une période de croissance économique remarquable qui a permis de créer de nombreux emplois, même si les inégalités entre hommes et femmes persistent, que les emplois sont peu qualifiés et que les jeunes représentent encore une proportion importante de chômeurs. Les rédacteurs du rapport s'ils mettent en exergue, la bonne progression économique de la région estiment cependant au vu du constat dans le domaine de l'emploi par exemple que les pays concernés devraient oeuvrer, à conduire à long terme des réformes structurelles approfondies. Ces réformes sont ainsi préconisées afin d'assurer la forte croissance indispensable pour maîtriser les problèmes de l'emploi, améliorer le climat de l'investissement privé, favoriser l'intensification des échanges et améliorer les mécanismes de gouvernance dans tous les secteurs de manière à accroître la responsabilisation et la représentativité du secteur public et à rehausser son efficience. Le rapport 2007 comprend trois grandes parties. La première présente les récentes avancées sur le front macroéconomique, la seconde passe en revue les progrès accomplis au plan des réformes structurelles, et la troisième est consacrée au thème de cette année, à savoir le marché du travail et la croissance de l'emploi dans la région. Daniela Gressani, vice-président chargée de la Région Afrique du Nord et Moyen Orient, Mustapha Nabli, économiste en chef pour la même région et Carlos Silva, économiste principal, ont relevé que si la création d'emplois s'est nettement accélérée, de sérieux problèmes continuent tout de même d'être poser. " Beaucoup de ces emplois ont été créés dans des secteurs qui restent à faible productivité, et par conséquent, la répartition de ces nouveaux emplois reste problématique ", ont-ils estimé dans une conférence de presse organisée à la publication du rapport. En outre, constatent les responsables de la banque mondiale, les femmes ont toujours beaucoup plus de mal que les hommes à trouver un emploi, et les jeunes continuent de représenter une très forte proportion des chômeurs. Les gains en termes d'emplois créés par rapport au nombre d'emplois existants ont représenté tout de même en moyenne une croissance de 4,5 % au cours des cinq dernières années, soit entre 2000 et 2005. Chaque année, la région a donc créé 4,5 % d'emplois de plus que l'année précédente, ce qui traduit une forte progression. Rapporté à l'accroissement de la population active, les responsables de la banque mondiale estiment que cela signifie que le nombre de chercheurs d'emplois, le nombre de personnes qui veulent trouver du travail, s'est accru de 3,7 %. Le nombre d'emplois créés augmente donc plus vite que celui des chercheurs ou des demandeurs d'emplois, ce qui signifie que le chômage baisse, selon à la Banque mondiale. Un taux de chômage de 10% Les taux de chômage, qui était de l'ordre de 14 ou 15 % en 2000, ne représente aujourd'hui que 10 ou 11 %, soit une diminution de trois points de pourcentage au cours des cinq dernières années. La progression du marché de l'emploi est observée dans pratiquement toute la région. Dans huit pays , le taux de chômage a baissé. En Jordanie il est resté inchangé et, dans deux autres pays , le Koweït et les Emirats arabes unis, il a augmenté. Pour la Banque mondiale il ne suffit pas seulement de constater que le nombre d'emplois augmente, encore faut-il savoir où ces emplois sont créés. En fait la plupart de ces emplois sont créés par le secteur privé, ce qui est tout le contraire de ce qui se passait dans les années 70 et 80, période durant laquelle les emplois étaient créés dans le secteur public. Une avancée considérable estime la Banque Mondiale. Cependant, le phénomène de création d'emploi est terni quelque peu par le fait que ces emplois ne sont pas très qualifiés, car ils ont été créés dans des activités relativement peu productives, et où la croissance de la productivité est relativement faible. Il s'agit donc souvent d'emplois indépendants, d'emplois dans le secteur informel, dans l'agriculture où la productivité est relativement basse, ou dans les services -certains emplois de services sont particulièrement peu qualifiés. Le bilan est par ailleurs très inégal d'un pays à un autre. En Iran par exemple l'agriculture a fourni la moitié des emplois récemment créés. Le même secteur a en outre procuré les deux cinquièmes en Egypte et au Maroc, et un cinquième en Algérie. L'expansion rapide de l'emploi de la population féminine dans ces pays peut être rattachée à celle de l'emploi dans le secteur agricole et dans les services, ne nécessitant qu'un faible niveau de qualifications, comme c'est le cas en Algérie, ce qui signifie que les femmes n'obtiennent pas véritablement des emplois de qualité, note la Banque mondiale. Celle-ci relève par ailleurs que dans de trop nombreux cas, la création d'emplois s'accompagne d'une baisse de la productivité, surtout dans les pays où l'emploi affiche sa plus forte croissance. En Iran, en Egypte et en Algérie, le secteur agricole a enregistré une chute notable de sa productivité à mesure que l'emploi progressait. Globalement, malgré les bons résultas enregistrés, la Banque Mondiale estime que la création d'emplois continuera de poser problème car c'est pendant les 10 à 15 années qui viennent que la nécessité de créer des emplois se fera sentir le plus largement et le plus fortement. Une réalité qui pousse l'institution internationale à inciter les pays de la région à poursuivre les progrès au plan des réformes structurelles afin de les renforcer et de les approfondir. La croissance connue ces trois dernières années doit être selon la Banque Mondiale soutenue et diversifiée car à l'horizon des 20 prochaines années, la création d'emplois sera nécessaire pour combler le déficit dans le domaine et faire face au phénomène chômage.