Ce constat a été fait dans le cadre d'une enquête nationale de prévalence de la violence à l'égard des femmes en Algérie, réalisée en 2006 auprès de 2000 ménages, dont une femme prise au hasard par ménage âgée entre 19 et 64 ans. Cette étude a été initiée par le ministère chargé de la Famille et de la Condition féminine et réalisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC). Cet état de fait a servi de base pour la mise en œuvre d'une stratégie nationale relative à la violence contre les femmes, élaborée en collaboration avec plusieurs départements ministériels, dont celui de la Santé, celui des Affaires religieuses et celui de la Solidarité nationale. Elle a été lancée officiellement hier par la ministre chargée de la Famille et de la Condition féminine auprès du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Mme Nouara Djaâfar a tenu à souligner que le phénomène de la violence à l'égard des femmes est mondial, mais nous sommes tenus de trouver des solutions pour prévenir des actes et prendre en charge les victimes. Pour ce faire, la stratégie nationale élaborée en coordination avec les différents acteurs a pour objectif de mettre en place des systèmes et des moyens appropriés pour la prise en charge physique, psychique et sociale au profit des victimes de violences durant le cycle de vie. Il est aussi important de mener des campagnes de sensibilisation de la société, des institutions, de la famille, de l'école et des médias. Le but est aussi, selon Mme Djaâfar, d'aider à la participation dans le développement durable, la concrétisation des droits de l'individu et l'égalité entre les citoyennes et les citoyens, par l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l'égard des femmes. Pour cela, trois domaines d'intervention sont ciblés, à savoir le renforcement, la sécurité et la protection des victimes, assurer une prise en charge appropriée par le personnel de santé, garantir une protection légale et une assistance juridique. Beaucoup reste à faire à ce niveau-là. Une analyse sur l'état des lieux présentée par Faiqua Medhahed de l'INSP et Mme Gringaud est édifiante. Il a été relevé une insuffisance des ressources humaines, matérielles, financières et techniques pour assurer l'accueil, l'accompagnement et la prise en charge de la qualité et la réalisation des droits humains des femmes survivant à la violence fondée sur le genre, tant au niveau des secteurs gouvernementaux concernés qu'au niveau des organisations de la société civile. Il a été aussi constaté une faiblesse d'intervention en raison des capacités limitées au niveau des institutions. Le renforcement de tous ces aspects est recommandé, ce qui est normalement prévu dans le contenu de cette stratégie nationale. Laquelle devrait aboutir sur un plan d'action sectoriel par domaine et sous-domaine d'intervention. La réussite d'un plan d'action ne peut se concevoir sans une forte contribution de l'Etat par une volonté de mettre des moyens colossaux.