La tentation est grande de voir lever l'interdiction d'exploitation de corail, promise pour 2008, selon les résultats des recherches diligentées par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. En effet, le corail rouge prolifère dans les côtes algériennes en particulier puisque, sans conteste, l'Algérie possède la plus grande réserve de corail rouge de la Méditerranée. L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estimait en 1991 que 48% du corail rouge étaient produits en Algérie. En réalité, il est estimé à une richesse équivalente les 187 000 tonnes, ce qui constitue une ressource à très forte valeur commerciale. Oui, mais voilà, le corail s'épuise, s'amenuise et sa disparition risque de bouleverser l'écosystème marin. Il s'agissait de lui laisser le temps de se reconstituer, de se régénérer. Et c'est ce qui a motivé son interdiction en 1998, aidé pour cela par la promulgation du décret du 17 février 2000. Le pillage Encore une fois, la tentation était trop forte mais, cette fois-ci, elle visait ceux qui assoiffés de richesse enfreindraient l'interdiction de gain. La demande étrangère étant particulièrement forte, surtout lorsqu'il s'agit du corail rouge qui devait servir à la joaillerie. Avec une offre parcimonieusement distribuée, cela contribua à donner une valeur au corail particulièrement forte. Les braconniers le cèdent à des prix allant de 60 000 à 70 000 DA/kg. Il est parfois négocié à 800 euros et il peut atteindre la barre des 15 000 euros/pièce avec des branches. Les filières sont connues, et le corail transite dans une sorte de triangle d'exploitation qui risque d'entamer gravement sa survie. Pêché entre Collo, El Kala et Annaba, à l'Est du pays, il est revendu approximativement à 1500 dinars tunisiens le kilogramme en Tunisie et est transformé en produit semi-fini. Il passe ensuite en Italie qui l'exporte vers d'autres pays. Certains n'ont pas réussi à passer au travers des mailles du filet et se sont fait prendre la main dans le sac. Quelle richesse écologique ! L'objectif premier était d'interrompre la pêche de corail pour une durée continue de 15 ans et la reprendre durant 5 ans. Cela devait permettre à cette classe d'invertébrés marins de se reproduire. En fait, une colonie de coraux « croît par bourgeonnement asexué à partir de la base ou du disque oral des polypes ». Les coraux bâtisseurs de récif ne vivent qu'en eau chaude et peu profonde, accessible et ne nécessitant que peu de matériel pour être pêché, d'où ses premières exploitation en Algérie au XVIe siècle. Les coraux ont besoin de lumière, car les algues symbiotiques qui vivent dans leur tissu l'utilisent pour accomplir la photosynthèse. L'algue fournit des molécules carbonées au corail. En retour, la nourriture du corail peut fournir de l'azote et du phosphore aux algues. Pour en savoir davantage et établir une cartographie des sites coralliens, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques soumissionne un programme d'étude, pris en charge par une entreprise marseillaise. La première phase consistait à recueillir des données sur les sites, la seconde devait dresser un état des lieux des fonds marins et des stocks de corail. Tout au long des 1280 kilomètres de côtes, les chercheurs devaient procéder à des échantillonnages et établir une cartographie des sites potentiellement riches. Une dernière phase devait consister à soumettre des propositions sur des plans de gestion de la ressource. Le programme, censé s'achever en mars 2007, a coûté 2 millions d'euros. Retardé, le ministre de la Pêche attend les résultats promis pour décembre mais d'ores et déjà, le ton a changé puisqu'il affirmait la semaine dernière en session parlementaire que rien ne justifie une telle décision d'interdiction de pêche et aucune base scientifique ne peut justifier un repos du corail pendant 15 ans pour reprendre ensuite 5 ans durant…