L'Algérie de Kateb, racontée par Yacine, aurait pu être le deuxième titre du film documentaire projeté jeudi, à la maison de jeunes de Fillali à l'occasion de la clôture de « l'atelier Ciné-Théâtre (acte I) ». De l'émotion et des échanges parfois passionnés ont suivi la projection, en présence de l'ancien directeur de la Cinémathèque nationale et invité d'honneur de l'organisation, Boudjemaâ Karèche. Les jeunes qui ont pris part à l'atelier ont, par la suite, fait une démonstration composée d'images et de jeux de scène. En l'espace de cinq jours, du 27 octobre au 1er novembre, le cinéma et le théâtre se sont invités en effet, à la maison des jeunes et ont même réussi à investir les lieux grâce à l'énergie positive des jeunes participants. Ces derniers ont profité amplement de ce stage de formation aux métiers du cinéma, organisé conjointement par l'association constantinoise 100% culture, le centre socio-culturel Plateau Mistral-Eaux-claires de Grenoble et l'association franco-algérienne Kaïna Cinéma, dirigée par le très actif Mourad Kortbi, dans le cadre du jumelage entre les villes de Constantine et Grenoble. Une initiative qui a tant de mérite, vu le vide sidéral et la sinistrose qui caractérisent les domaines des 4e et 7e arts dans notre ville. La passion qu'ils portent à ces arts et le besoin qu'ils développent pour connaître leurs secrets, les 25 jeunes stagiaires ont vécu des journées magiques, où ils ont pu acquérir des notions de réalisation, de programmation et de communication et surtout, s'inscrire dans une dynamique qui pourrait fortement contribuer à réanimer des ciné-clubs locaux, car c'est l'objectif principal du stage et pourquoi pas préparer le potentiel humain qui aidera à la réactivation des salles de cinéma en voie de réouverture. Aussi, les jeunes que nous avons approché, l'ont exprimé spontanément. Rafik de Annaba, déclare au sujet du stage : « En une semaine, nous avons eu le temps d'aimer davantage le cinéma. Nous avons beaucoup d'énergie et nous allons nous battre pour créer des espaces, mais il faut que le changement vienne aussi d'en haut. » Un message fort que partage Doria, une étudiante constantinoise, qui dit être transformée par ces journées, enrichie par les nouvelles connaissances et surtout prête à s'engager dans un projet local pour que le cinéma aille mieux. Cette soif d'apprendre est confirmée par Marco Gentil, à la fin de la cérémonie, l'un des formateurs venu de France, qui estime humblement que lui et ses collègues ont été davantage des révélateurs que des formateurs : « Nous n'avons été qu'une sorte de médium afin de les mettre en confiance et révéler les compétences qui existaient déjà en eux. » Il ajoutera en observateur : « J'espère que l'Algérie va mettre en marche ces forces et exploiter les ressources de ces jeunes. » Bouaker Mohamed Chérif, président de 100% culture, soulignera, de son côté, la réussite de ce stage, premier du genre en Algérie, et l'ambition de son association de multiplier l'expérience autant que possible. C'est une clause exigée dans le contrat de financement signé avec le fond d'initiatives locales dans le cadre du programme dit « Pluri- acteurs », initié par le ministère français des Affaires étrangères, nous a déclaré Mme Ouarda Pages, responsable locale du programme.