La menace longtemps brandie commence à se traduire dans les faits : quelque 12 000 scénaristes de cinéma et de télévision américains ont entamé lundi une grève illimitée qui risque de paralyser des pans entiers de l'industrie du divertissement aux Etats-Unis. Une première depuis près de 20 ans. Les grévistes réclament notamment davantage de droits d'auteur quand leur œuvre est diffusée sur les téléphones portables ou encore les baladeurs numériques. Ils souhaitent aussi un pourcentage plus élevé de leurs droits d'auteur sur les vidéos-DVD et l'extension des tarifs syndicaux et avantages sociaux aux programmes de la télé-réalité. Revendications rejetées par le puissant syndicat des producteurs (Alliance of Motion Picture and Television Producers, AMPTP), qui a brandi l'excuse de la non-rentabilité des programmes diffusés sur la Toile. Le blocage pourrait durer plusieurs mois et les pertes potentielles pourraient se chiffrer à plus d'un milliard de dollars. Les programmes des chaînes de télévision américaines sont les premiers à être touchés à très court terme. En revanche, ni les téléfilms, ni les séries, ni les films hollywoodiens ne seraient affectés dans l'immédiat, les producteurs ayant stocké des dizaines de scénarios en prévision d'un éventuel conflit. La précédente grève, en 1988, avait duré 22 semaines et coûté environ 500 millions de dollars aux studios hollywoodiens. Selon des observateurs, ce conflit, s'il perdure, coûterait le double. Un conflit qui ne risque pas de se produire chez nous, et pour cause, nous n'avons pas de syndicat de scénaristes (qui sont dix fois moins nombreux !). Tant mieux, même si on serait un peu tenté de dire que nos scénaristes sont déjà en grève depuis plusieurs décennies ! Mais bon, ne soyons ni médisants ni pessimistes si l'industrie du cinéma n'existe pas encore chez nous, ce n'est qu'une question de temps… Le temps étant une notion très « extensible » !