Une période d'incertitude plane depuis mardi dernier, à Hollywood, où le contrat triennal régissant le travail de dizaines de milliers d'acteurs a expiré, sans que patronat et syndicat aient réussi à se mettre d'accord sur une nouvelle version du texte. Lundi soir, l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP), le patronat de Hollywood a évoqué « une grève de facto » des acteurs et a brandi la menace de nouvelles pertes massives pour le secteur audiovisuel américain, quatre mois et demi après la fin d'une coûteuse grève des scénaristes. Mais, à l'issue d'une 42e journée de pourparlers avec l'AMPTP (depuis avril), le principal syndicat d'acteurs de cinéma et de télévision américain, le « Screen actors guild » (SAG), fort de 120 000 membres, a affirmé, qu'il était toujours prêt à négocier le contrat avec les producteurs. L'AMPTP a présenté, lundi soir, une ultime proposition de contrat aux négociateurs du SAG, la qualifiant d'« offre finale » : en clair, à prendre où à laisser. Le patronat a assuré que cette version du contrat équivalait à verser 250 millions de dollars supplémentaires aux acteurs sur trois ans. Le SAG a réservé sa réponse jusqu'à mercredi. Mais, dès lundi soir, le syndicat a qualifié la proposition de l'AMPTP « d'offre de dernière minute » et a estimé qu'à première vue le texte n'apportait rien de nouveau, car proche de celui récemment accepté par les négociateurs du deuxième syndicat d'acteurs de Hollywood, l'AFTRA (70 000 membres). Or, le SAG a déjà refusé cette version du contrat, ce qui avait créé la discorde entre les deux organisations de salariés : les dirigeants du SAG affirment que l'AFTRA a fragilisé leur capacité de négociation et ont demandé à 44 000 de leurs membres, qui font aussi partie de l'AFTRA, de ne pas ratifier le texte. Le résultat du vote des membres de l'AFTRA est attendu le 8 juillet prochain. Il devrait donner une meilleure idée de la détermination de la base à soutenir un conflit social « dur ». Le SAG réclame une hausse des salaires pour les acteurs touchant des salaires moyens et veut davantage de dividendes des ventes de DVD et d'œuvres exploitées sur internet et les « nouveaux médias » numériques. Mais les studios ont accusé le SAG de manque de réalisme, affirmant que ces médias n'étaient pas encore rentables. Selon l'AMPTP, le SAG a refusé de sceller un accord comparable à ceux conclus ces derniers mois, entre les producteurs et les syndicats des scénaristes (WGA) et des réalisateurs (DGA). Dimanche dernier, le président du SAG, Alan Rosenberg, avait écarté une grève formelle dans l'immédiat. Mardi, les membres du syndicat étaient appelés à se présenter normalement à leur travail. « Ces emplois seront couverts selon les termes des accords ayant expiré », a précisé le SAG. Mais dans les faits, Hollywood risque d'être paralysé petit à petit, au fur et à mesure de la fin des tournages régis par le précédent contrat. Aucun producteur ne voudra prendre le risque de voir un tournage être interrompu par un conflit social. La plupart des studios avaient, de toute façon, prévu de cesser toute production après lundi. L'hiver dernier, une grève des scénaristes avait déjà paralysé l'audiovisuel américain pendant 100 jours. Son coût a été évalué à 2,3 milliards de dollars par un institut indépendant.