Je suppose qu'aujourd'hui, il est temps, voire urgent, que soit entreprise une nouvelle phase de reconnaissance des droits de l'homme, d'autant que l'équilibre dans ce domaine est dynamique et non statique et ce n'est pas, pour ma part, dévaloriser la percée palpable de leur promotion chez nous, même si cela les relativise forcément, c'est en revanche rendre à cette louable avancée le plus bel hommage qui soit en se rendant fidèlement à leur esprit et à leur profonde philosophie libératrice à un niveau de l'évolution des civilisations. A mon humble avis, une mobilisation pour une nouvelle génération des droits de l'homme peut enrichir efficacement la première percée où feu Me Mahmoud Khelili (que son âme repose en paix), défenseur inconditionnel du droit et honneur de la profession, fut l'un des plus engagés qui, durant toute sa longue et brillante carrière de soldat du droit, aura porté avec grandeur, honneur et dignité le drapeau d'une défense réellement libre et incontestablement, il demeurera un « symbole » chez celles et ceux qui ont gardé le sens du respect pour le devoir de mémoire. Une nouvelle phase, disais-je, qui évitera une régression d'un grignotage rapide ou lent, mais un rétrécissement tout de même, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je continue à supposer que la promotion des droits de l'homme passe nécessairement par leur extension, encore faut-il le reconnaître. Détacher les droits de l'homme de la politique, c'est-à-dire de la morale, c'est une forfaiture et forfaire est un déshonneur qui déshonore bien plus que le déshonneur, et renforcer leur dynamisme c'est en quelque sorte se laisser contaminer par ces droits plutôt que par leur violation, ce qui vaut pour un petit nombre d'hommes qui, éternels « trouble-fête », diront aux gens et aux choses qu'ils n'accepteront jamais de les laisser immobiles, et veilleront pour que la vérité une fois réveillée, ne s'endorme plus jamais. Or nous nomme défenseur des droits de l'homme et c'est notre plus beau titre, il correspond le mieux et sied très bien à notre caractère. C'est là que nous sommes le plus libres et les plus heureux. On y met notre temps et nos cœurs où il n'y a de place ni pour la hargne ni pour la haine, et encore moins pour l'esprit envieux ou l'affairisme dégradant. On ne demande rien, et lorsque les exigences du temps qui sont celles de notre conscience l'exigent, nous lançons des ultimatums après sommation. Le plus souvent, nous n'attendons pas que les choses arrivent ; on passe à l'action sans égards aux risques évidents du devoir sur des terrains hostiles au droit ; pourtant, c'est là, pour ma part que je me sens le mieux et je ne le regrette pas. Un choix grâce à Dieu, ô combien la motivation première, n'est pas la déshonorante avidité que j'ai désagréablement constatée chez d'aucuns, dans les moments difficiles, à l'ère des gaz lacrymogènes et des balles perdues. La parole est inséparable de l'acte chez le défenseur. Il a pour obligation de ne pas abandonner sa mission dont le cachet forcément n'est qu'humanitaire ; donc en toutes circonstances, à chaque fois que la balance est faussée ou en voie de l'être. De mettre la morale avant la prudence et ne céder en aucun cas aux « manœuvres » évidentes externes, ou parfois internes comme j'ai eu à le rencontrer, et dénoncé l'importance et la gravité des atteintes flagrantes que l'impunité apporte aux principes du droit moral, pénal et international. Agir selon sa conscience, c'est défendre le droit et la justice et c'est ce qu'il y a de mieux chez le défenseur des droits de l'homme vertueux avec soi-même qui s'applique à rappeler qu'aujourd'hui les choses doivent changer, résolument convaincu que les gens ne veulent plus être exploités, autant politiquement qu'économiquement, et c'est leur droit comme tout le monde, puissent ceux qui nous gouvernent l'entendre, le plus tôt sera mieux. Edifier une société démocratique implique-t-il en fait un retour à la préhistoire ? A la force, ou encore que passer à un Etat moderne suppose-t-il l'abandon de la première sphère des libertés fondamentales civiles et politiques ? Construire une démocratie revient à bâtir un second pilier des droits de l'homme et des libertés fondamentales à côté et non un appendice à : — La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ou un codille — A la Déclaration universelle des droits de l'homme -DUDH - du 10 décembre 1948 ? Qui, aujourd'hui, conteste une République vraiment démocratique ? Ce qui est réclamé « exigence de l'heure », c'est un authentique Etat de droit, n'en déplaise aux partisanes et partisans de « l'ordre établi » du désordre, avec tous les droits positifs et des devoirs fondés sur les valeurs morales et nationales, ceci pour les décideurs qu'aujourd'hui, ils n'ont plus affaire à des ilotes abrutis car même dans les pays sous-développés par la faute directe du colonialisme, et de l'entêtement néo-colonial, mais à des citoyens sinon cultivés, du moins conscients de leur dignité humaine, et qu'il n'est plus question de féodalités politiques ou autres. Durant les moments horribles, dans les pires circonstances, il y a eu de grands défenseurs, de vrais défenseurs. J'en connais qui plus d'une fois ont dû payer le prix de leur « liberté d'esprit ». La cause en laquelle croit, à mon sens, un défenseur est naturelle, c'est un idéal et une profonde et logique conviction. Des combattants du droit, en symbiose avec la société, en paix avec la conscience et à chaque fois révoltés par l'iniquité. C'est d'ailleurs pourquoi on devrait regarder à plusieurs fois avant de faire pression sur un inconditionnel défenseur des droits de l'homme qui connaît l'étendue du droit, car il ne se gênerait assurément pas au contraire d'alerter l'opinion le plus vite, le plus loin possible et révélerait ces pressions sur un terrain où de nos jours il est difficile de « museler » et enfin, qui, par devoir, descend avec plaisir aux « arènes » lorsque des « gladiateurs » se déchaînent. D'aucuns se posent des questions afin de comprendre pourquoi accepter et même aimer cette existence bourrée d'obstacles, remplie d'intrigues parfois, minée de « l'intérieur » et jonchée d'hypocrisie, l'amour de l'argent ? Le défenseur des droits de l'homme qui se respecte ne peut être assimilé à un argentier ou à une machine à compter les sous ; il ne s'embarrasse jamais de comptabilité. ce qui compte le plus pour lui, c'est exclusivement ses actes, ses faits et ses points d'honneur. La réussite sociale ou alors les positions de confort sont des mobiles qui existent ailleurs, mais en aucun cas chez le défenseur, sauf s'il est une ou un imposteur. Il n'y a pas de doute que parfois, certes rarement et cela reste vraiment regrettable, la tentation dessèche le cœur et sclérose la pensée, l'imposture faisant fi de la « hachma » – la honte. Cela s'est vu et l'observateur averti finit par découvrir chez celles-ci et chez ceux-là les symptômes de l'abâtardissement de la pensée et une honteuse rotation « derwichienne » au sein de la « Ligue » des droits de l'homme. Une attitude d'où il n'y a aucune chance d'en sortir « grandi » ; on en sort obligatoirement avec des cerveaux vides, bourrés d'idées perverties, des consciences molles et c'est le déclin pour le défenseur monnayable. Le défenseur des droits de l'homme, en bref, c'est d'abord un corps à corps avec la conscience, et enfin un bâtisseur d'un bel avenir pour tous dans un Etat de droit où nul n'est au-dessus de la loi et où chacun est censé connaître ses devoirs et son droit. Il n'y a pas d'aspects de la vie politique, intellectuelle, sociale et surtout morale qui demeurent étrangers à la justice quand le droit prime. L'auteur est Défenseur libre des droits de l'homme