Débattre des sujets d'actualité en matière de nutrition et de technologie alimentaire, valoriser les travaux de recherche en les portant à la connaissance du public et rapprocher les chercheurs, tels sont les objectifs soulignés d'emblée par le Pr Abdenacer Agli, chef de cérémonie des journées scientifiques de nutrition et technologie alimentaire, abritées du 12 au 13 du mois en cours à la bibliothèque de l'institut national de l'alimentation et des technologies alimentaires (INATAA), institution universitaire érigée dans un cadre champêtre sur la RN5, à 7 km de la ville de Constantine. Au sommaire de cet évènement de dimension nationale figurent pas moins de 20 communications orales et 36 autres affichées sous forme de posters. De quoi combler la foule d'enseignants et d'étudiants, accourus pour ne pas perdre une miette des thématiques abordées, notamment l'épidémiologie de la nutrition avec en relief l'obésité et les comportements alimentaires, et la formulation des aliments de régime. S'agissant du premier thème, on pouvait lire sur un calicot étalé, tel un leitmotiv à l'intention des participants : « L'obésité est un problème de santé publique ». A ce propos, le Pr Agli, responsable du laboratoire de nutrition et technologie alimentaire de l'université Mentouri, dira qu'à ce titre « l'obésité engendre des surcoûts très importants dans la prise en charge de cette pathologie qui évolue au fur et à mesure vers des affections graves telles les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies osseuses ou encore le diabète. Et cela, sans compter la stigmatisation de l'enfant obèse menacé, dans la majorité des cas, par l'échec scolaire. D'où la nécessité de mettre en place un dispositif préventif à travers la mise en œuvre d'une surveillance épidémiologique précoce et d'un observatoire de l'état nutritionnel des enfants ». Sur la base d'une étude menée entre 2001 et 2006, en collaboration avec Hayet Oulamara, docteur en nutrition et enseignante à l'INATAA, laquelle étude porte sur une population-cible de 16 263 enfants âgés entre 6 et 10 ans, et scolarisés dans les wilayas de Constantine, Jijel et Tébessa, le Pr Agli dira : « A ce niveau, la prévalence du surpoids est passée de 6,8 % à 9,5 % , alors que pour la seule wilaya de Constantine l'écart est encore plus significatif, car il passe sur cette même période de 7,7 % à 13,2 %. Par ailleurs, il résulte également de cette étude un lien significatif entre l'obésité parentale et celle de l'enfant, une incidence plus importante sur la tranche d'âge des 9/10 ans et une évolution plus nette chez les garçons ». Durant cette première journée, consacrée essentiellement à la thématique de la nutrition, le Dr Mohamed Badi, épidémiologiste dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, exposera le fruit d'une étude visant à déterminer la prévalence du goitre en milieu scolaire à l'échelle des 12 communes du secteur sanitaire de Sfisef, d'évaluer le degré de la carence iodée et ses effets sur l'état de santé de la mère et de l'enfant. « Sur les 11 356 enfants scolarisés dans ce secteur, dira l'intervenant, 11 200, soit 98,63 % ont participé à ce dépistage qui a confirmé une fréquence de goitre de 18 % en moyenne. L'enquête-ménage a, pour sa part, révélé que 11,3 % des femmes en âge de procréer sont porteuses de goitre, ainsi que 5,5 % des enfants de 0 à 5 ans. Dans ce contexte, l'analyse du sel alimentaire a démontré que 50 % des ménages consommaient du sel dont la teneur en iode est inférieure aux normes réglementaires ». Par la suite, le conférencier s'est fait le porte-parole du Pr Houti, retenu à la faculté de médecine de Sidi Bel Abbès et dont la communication porte sur les pratiques alimentaires dans la population algérienne. L'analyse des réponses de cette enquête portant sur 4 818 ménages, dont 60,08% sont issus de zones urbaines, révèle que la restauration rapide prend de l'ampleur ; 45,63 % des Algériens regardent la télé au dîner, 6% lisent à table, 99,37 % prennent correctement leur petit-déjeuner, 99,12 % le repas de midi et 98,73% le dîner.