La Bibliothèque nationale d'Algérie à Alger a accueilli hier une rencontre sur Malek Bennabi connu pour ses nombreux travaux sur la civilisation musulmane avec ce souci de concilier religion, science et culture. Dans son intervention, le docteur Abdelkader Belimen indique que Malek Bennabi reproche aux précurseurs des différents courants réformistes connus dans le monde musulman d'avoir une vision « partielle » et « segmentaire » sur le phénomène de la « décadence » qui a frappé leur société. Pour Bennabi, selon le même intervenant, « il faut étudier la civilisation dans toutes ses composantes, à savoir, l'homme, le temps et le territoire. Et la religion ne peut pas toute seule changer la société. Elle y joue un rôle important aux côtés de la science et la culture ». A son tour, le docteur Rachid Gougam relève que le sous-développement de toute société tel que le voit Bennabi est généré au fait qu'« on n'encourage pas la pensée. Il donne l'exemple de l'Allemagne. Un pays qui, détruit entièrement suite à la Seconde Guerre mondiale, s'est reconstruit et s'impose comme une des puissances en ce monde. Et cela parce que le peuple allemand a des valeurs culturelles qui font qu'il est capable de transcender les séquelles de la guerre ». Ainsi, poursuit-il, « Bennabi indique que toute société doit produire ses propres valeurs d'une manière à ce que l'individu doit être convaincu qu'il faut s'investir dans le travail et la production des idées ». Il s'agit ainsi d'une culture, une culture comme manière d'être. Le docteur Mohamed Yahyaoui voit que Bennabi « aspire à une lecture nouvelle de la civilisation musulmane en utilisant les outils que nous offrent les nouvelles sciences à l'exemple de la sociologie et de la psychologie. Ce qui permet de comprendre le rôle que peut jouer la pensée religieuse quant à construire une société permettant à l'individu d'exploiter ses capacités créatrices et de s'épanouir. Bennabi dans ses travaux est soucieux de concilier religion, science et raison ». Notons que Malek Bennabi (1905-1973) a écrit de nombreux ouvrages. Entre autres, Le phénomène coranique (1946), Orientation du monde musulman (1954), Problèmes de la culture et Le problème des idées dans le monde musulman respectivement en 1957 et 1960. Il a aussi écrit un roman Lebeik en 1947.