Alger et ses environs croulent sous les déchets ménagers. Une situation qui commence à inquiéter sérieusement. Le décor n'échappe à personne. Des ordures parsèment tous les quartiers de la capitale. Le constat a été même fait par le premier responsable de Netcom. A long terme, une catastrophe sanitaire peut être provoquée avec toutes les dioxines cancérigènes que dégagent ces ordures. Un problème pour lequel les autorités locales se rejettent la balle. Chaque secteur se dit n'être que le maillon de la chaîne. Ils sont unanimes à accuser le citoyen d'incivisme. Le danger est pourtant réel sur le plan de la santé. Nous nous sommes rapprochés du directeur général de la direction de la santé de la wilaya d'Alger pour en savoir plus sur les moyens de prévention afin de « minimiser les dégâts ». Paisible et rassurant, M. Rabia, le DSP, affirme que son département est aux aguets. « Notre secteur n'est qu'un maillon de la chaîne. Nous travaillons en collaboration avec les différents secteurs de la wilaya, Netcom, Hurbal, Edenal et Seeal et nous sommes présents à chaque moment où un problème est détecté qu'il soit mineur ou majeur. Notre mission se résume à la prévention en luttant contre les maladies à transmission hydrique. » Il signale qu'un comité technique se réunit tous les quinze jours afin justement d'évaluer la situation. Il rappelle qu'un réseau de surveillance est installé et travaille en coordination avec l'hôpital d'El Kettar. « Tous les cas de maladies infectieuses enregistrés au niveau de cet hôpital sont déclarés à notre niveau. Une déclaration journalière du mouvement des malades est faite de la rentrée à la sortie des patients de l'hôpital. Des analyses d'eau et des tests de chlore sont aussi effectués », a précisé le docteur Bouzaine chargé de la prévention au niveau de la DSP. « Nous n'avons pratiquement plus de choléra ni de typhoïde », a-t-il rassuré. Concernant les zoonoses, M. Bouzaine signale que des campagnes de dératisation sont assurées par Hurbal. « Il ne faut pas attendre beaucoup de la lutte chimique pour se débarrasser du rat. Il suffit de ne pas le nourrir », fait remarquer M. Rabia qui ne manque pas de dire que « l'hygiène est l'affaire de tous », tout en précisant que la vigilance doit être de mise. « Nous n'avons pas de situation épidémiologique particulière », en réponse à notre question sur le cas de Sidi Bel Abbès s'il venait à se produire à Alger. Pour les responsables de Netcom, la situation est catastrophique dans le sens où leurs services sont réellement dépassés. « Notre mission est la collecte des déchets ménagers », nous explique M. Ayati. Il rappelle que l'organisme évacue une moyenne de 2000 tonnes de déchets par jour vers les différentes décharges. Mais un sérieux problème se pose aux agents. « Ils collectent des déchets industriels, des déchets issus d'activités médicales, des gravats, des appareils électroniques, etc. Nos agents font face à des dangers. Beaucoup d'entre eux se sont blessés par des seringues jetables, des produits chimiques qu'ils trouvent dans des sachets poubelles destinés aux déchets ménagers. Pourtant, la loi est claire à ce propos. » M. Ayati a tenu à préciser qu'un schéma directeur est fixé et le travail est effectué avec 300 camions qui sillonnent la ville d'Alger. « On peut garder Alger propre. Netcom n'est qu'un outil de travail. Il arrive que certains axes routiers soient nettoyés quatre fois par jour. Le rôle du citoyen est aussi important. C'est à lui de sauvegarder et de veiller à ce que son quartier soit propre », a-t-il ajouté. Le responsable de Netcom évoque le problème rencontré par les agents à proximité des marchés informels. « Des bacs sont pourtant implantés à proximité mais les marchands ne trouvent pas mieux que de jeter par terre. Nous avons placé plus de 30 000 bacs dans la ville d'Alger. Plus de la moitié ont été volés pour être utilisés comme récipients d'eau sur les terrasses. Pourtant, cela est contre-indiqué car ils sont fabriqués à base de plastique. Nous avons dû les percer mais cela n'a pas empêché les citoyens de les prendre pour d'autres besoins. » Par ailleurs, M. Ayati a souligné qu'il est impossible d'assurer le nettoyage dans certains endroits. Des axes sont complètement inaccessibles en raison des parkings sauvages instaurés dans la ville. Outre le travail effectué par les camions, les balayeurs viennent par la suite nettoyer les trottoirs et les accotements. M. Ayati affirme qu'une école de formation des éboueurs et des balayeurs a ouvert ses portes pour les former sur les attitudes à observer eu égard à l'incivisme des citoyens. « De nombreux balayeurs ont été agressés par des citoyens », a-t-il fait remarquer. A entendre les différents interlocuteurs, l'insalubrité qui règne dans nos villes incombe aux citoyens.