C'est une image déprimante qui s'offre en fin de chaque journée ouvrable à la place des Martyrs, en plein centre-ville. A partir de 18 h, une nuée de personnes des deux sexes se rassemble, par nécessité, au carrefour des rues Abane Ramdane, Rahmani Achour et Zaâbane pour pouvoir dégoter un hypothétique taxi « fraudeur », qui aurait l'amabilité de les conduire vers la nouvelle ville Ali Mendjeli. Comme toutes les autres prestations de services ou commerces, c'est selon, celui-ci est assujetti à la bonne vieille recette économique de l'offre et la demande. L'offre, à cette heure-ci de la journée, est très rare et, forcément, ce semblant de transport devient un exercice de démonstration de force, où les femmes ainsi que les hommes, ne jouissant pas d'une musculature de quelque héros antique, cèdent le terrain aux spécialistes des bousculades et des invectives. Les mêmes manifestations anarchiques sont quotidiennement constatées tant à Bab El Kantara, où s'attroupent les usagers de la ligne assurant la déserte vers Didouche Mourad et Zighoud Youcef, que dans l'avenue du 20 Août 1955 (descente de Aouinet El Foul) allant vers Hamma Bouziane. L'objet de cet article n'est pas d'incriminer telle ou telle institution, d'autant que la responsabilité accuse des ramifications diverses et s'en trouve, de ce fait, forcément diluée. Elle est tantôt objective et tantôt subordonnée aux reports, sinon au laxisme ambiant. Dans cette optique, il faut convenir que la configuration urbaine de la ville, héritée de l'époque coloniale, n'est plus adaptée aux données actuelles de la circulation d'une grande métropole. Le centre-ville, nœud principal de cette problématique est asphyxié par le nombre impressionnant de véhicules exponentiellement accru par l'accès simplifié à la propriété de la voiture via le crédit. Du coup, et afin de fluidifier, autant que faire se peut, la circulation, les stations de taxis ont été évacuées, sur commission rogatoire, vers des points exogènes de manière à « aérer » ce goulot d'étranglement. La direction des transports cherche en vain des assiettes appropriées pour en faire de nouvelles stations. En attendant, et comme les habitudes ont la peau dure, les citoyens ne veulent pas accomplir la trotte nécessaire pour prendre le taxi de leur destination, préférant s'agglutiner près des carrefours. Les usagers du train de banlieue ne sont pas plus chanceux. Et pour cause, la dernière navette assurant la ligne Békira-Didouche Mourad- Zighoud Youcef part à 16h 15, ne donnant même pas le temps nécessaire aux « parfaits citoyens » de rentrer tôt chez eux à l'heure voulue. Que dire donc des retardataires, non pas par nonchalance, mais par nécessité de travail ou tout autre motif. Le directeur du transport rassure cependant en affirmant que « le problème de tractions (locomotives), dont la SNTF accusait un déficit, n'a plus lieu d'être puisque l'entreprise s'en est dotées récemment, ce qui lui permettra d'établir un programme, à compter du premier trimestre 2008, à même de normaliser les lignes vers les banlieues Est et Ouest du chef-lieu de la wilaya ».