Objet de contestations tous azimuts, depuis qu'il a émis un mandat d'arrêt contre le président soudanais, le procureur de la Cour pénale internationale, l'Argentin Luis Moreno Ocampo, annonce depuis Buenos-Aires qu'il n'écarte pas la possibilité d'enquêter sur Israël, suite aux nombreuses plaintes déposées contre l'Etat hébreu après la guerre contre Gaza, qui avait fait plus de 1 300 morts en trois semaines. S'agit-il simplement d'une tentative de calmer les esprits, après la tempête de contestations contre la Cour pénale internationale, qui a suivi la décision d'émettre un mandat d'arrêt contre Omar Hassan el-Bechir, le chef de l'Etat soudanais, ou d'une volonté réelle de mener une enquête sur les crimes de guerre israéliens contre le peuple palestinien. Dans une déclaration au journal dominical argentin Perfil, à Buenos Aires, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a affirmé qu'il envisage d'enquêter sur Israël pour crimes de guerre après son intervention militaire qui a fait 1 300 morts à Gaza. Il faut dire que la pression était terrible sur la CPI depuis le déclenchement le 27 septembre 2008 de l'agression israélienne contre le bande de Gaza. Ainsi, pas moins de 213 demandes d'intervention ont atterri au siège de cette instance judiciaire internationale. Le bureau du procureur n'a pu donner suite à ces requêtes, car Israël n'étant pas signataire du traité de Rome, qui a instauré cette cour. Il n'en demeure pas moins que le Soudan, qui n'est également pas signataire de ce traité, a fait l'objet d'une enquête, laquelle a abouti à l'émission d'un mandat d'arrêt contre son président. C'est dire que rien n'empêche le procureur de la Cour pénale internationale d'en faire de même avec Israël, pour démontrer sa bonne foi. Ceci étant, de Buenos-Aires, Luis Moreno Ocampo a déclaré : “Nous évaluons le sujet, nous sommes dans une phase d'analyse. Je n'ai pas encore décidé si nous lancerons des investigations, mais il y a une possibilité que cela arrive.” Il a expliqué qu'il analysait les plaintes déposées devant la CPI par Ali Khasan, ministre de la Justice de l'Autorité palestinienne en janvier. Dans ce cadre, le procureur de la CPI a indiqué : “Khasan est venu dans mon bureau et a indiqué qu'il était important d'enquêter sur les crimes à Gaza”, avant d'ajouter qu'il attendait également sur ce sujet des documents de la Ligue arabe et d'Amnesty International. Selon les analystes, le fait que Luis Moreno Ocampo envisage désormais la possibilité de lancer des investigations sur la base de la plainte de l'Autorité palestinienne, constituerait un précédent historique puisque la Palestine n'a jamais été considérée comme un Etat indépendant par un organisme international. Cependant, il soulignera qu'“ils (les Palestiniens) nous ont promis de nous apporter d'autres éléments démontrant qu'ils sont un Etat, et que sur ce territoire un crime a été commis”. Enfin, pour rappel, le 27 décembre 2008, Israël a déclenché une offensive dévastatrice de 22 jours dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 1 300 morts palestiniens et plus de 5 000 blessés. Il y a lieu de rappeler que l'Autorité palestinienne accuse Israël d'avoir fait usage d'obus incendiaires au phosphore blanc dans des zones peuplées de civils au cours de cette opération. Tous les médecins, notamment les étrangers, qui ont travaillé dans les hôpitaux Gaza durant et après l'agression israélienne, ont confirmé les informations d'utilisation du phosphore blanc et même d'uranium appauvri par l'armée de l'Etat hébreu. Reste à savoir maintenant, si le procureur de la cour pénale internationale, ira jusqu'au bout de ses intentions et enquêter sur Israël, ou il cédera à la pression qu'exerceront sur lui les alliés occidentaux de Tel-Aviv, particulièrement Washington. Merzak Tigrine