La problématique de l'extension urbaine de la ville de Béjaïa est un défi plus complexe que ne laissent souvent entendre des avis politiques forcément parcellaires. Les éclairages donnés par les spécialistes du foncier lors d'une rencontre-débat organisée durant la soirée de mardi dernier, par le bureau de wilaya du RND, ont énuméré, sans les épuiser, les écueils structurels et juridiques, puis une série de faits accomplis accumulés durant plus d'une décennie de tâtonnement et d'improvisation. A commencer par le peu de cas fait par les gestionnaires à différents paliers institutionnels des instruments d'urbanisation et d'organisation foncière, à l'exemple des plans d'occupation du sol (POS). Selon M. Hadjadj, directeur de l'Agence foncière communale de Béjaïa, sur 14 POS devant donner corps sur le terrain au plan d'aménagement urbain (PDAU) défini depuis 1995, un seul a été effectivement finalisé et prend valeur d'instrument fonctionnel. Le même intervenant a tenu à relativiser le constat portant sur le déficit d'assiette foncière dans le périmètre de la ville en soutenant que si effectivement les assiettes foncières « préétablies », soient viabilisées, semblent belles et bien saturées, il n'en est pas de même pour d'autres périmètres que l'Etat pourrait bien récupérer moyennant un effort supplémentaire d'investissement. Fait plus symptomatique encore des politiques poussives dans le domaine, l'abandon de la perspective d'extension de la ville vers les aires de Sidi Boudrahem, à la sortie ouest de la ville (600 ha, et 15 000 lots initialement prévus). L'option aurait été pourtant bien prise pour accueillir des ensembles urbains intégrés. Aujourd'hui, apprend-on encore, non seulement cette piste est omise dans les projections, mais des occupations illicites s'y sont plantées rendant problématique toute relance de l'idée. Enfin, le technicien, qui se plaint par ailleurs du manque de concertation entre les différents intervenants sur le dossier, se désole que l'ancienne capitale des Hammadites n'ait pas son plan de sauvegarde comme toute cité historique et cite même des cas d'atteintes au tissu urbain de la vieille ville. Les effets ravageurs de la pression sur le logement pousseraient des habitants à commettre des greffes de nature à achever le bâti hérité des anciennes époques. L'intervention d'un avocat confirmera l'imbroglio incommensurable qui continue à empoisonner toute gestion rationnelle de la relation entre le citoyen qui veut construire et les administrations locales. Une situation propice à toutes les fraudes n'épargnant pas des organismes publics comme l'OPGI et l'EPLF. Un technicien du service du cadastre informera, quant à lui, que les territoires d'une quinzaine de communes seulement (la wilaya compte 52 circonscriptions), ont été jusque-là répertoriés dans le cadre d'une opération lancée il y a plusieurs années.