Ali Ghanem a réussi le pari de rendre compte d'une situation que l'on trouve partout présente en France. Le thème de l'immigration a été toujours exploité mais chacun a eu sa vis...ion de la vie. La projection en avant-première du film Chacun sa vie s'est déroulée dimanche au Mougar. Le réalisateur Ali Ghanem, au parcours rocambolesque, jette une lumière crue sur la vie d'immigrés marginaux comme on en trouvet tellement dans cette France qui n'est plus douce pour ceux qui y ont pris pied au lendemain des indépendances, loin de là. Avec des dialogues simples et sans emphase, le film fait voir la vie d'un immigré, « un chibani », comme il en existe tant en France. Au soir de sa vie, cet homme, qui est toujours tenaillé par ces souvenirs, veut rentrer au pays et profiter de sa terre à Jijel. « Etre au soleil », lui recommande son ami français. Depuis quarante ans, l'homme était occupé à faire vivre ses enfants qui ont pris leurs habitudes sur cette terre de France. La mort de son ami immigré à l'hôpital dans lequel il travaille le fait décider à quitter cette vie qu'il mène sans qu'il en soit entièrement l'auteur. Son rêve de toujours, c'est de retourner en Algérie. Ses trois enfants sont intégrés dans la société française et ne veulent pas le rejoindre mais il n'en a cure. C'est aussitôt la déchirure dans cette famille dont les membres refusent de rejoindre un pays qui a changé mais qui ne les attire guère. L'Algérie n'attire plus ceux qui n'y ont mis les pieds que pendant les vacances et encore. Le retour au bled ne s'est pas fait sans accroc puisque sur place, il est confronté à la réalité algérienne faite d'hypocrisie et de misère sournoise. Son frère ne lui fera pas de quartier, car il ira jusqu'à le priver de la maison de son père. Les acteurs ont été choisis en tenant compte de la réalité des trois pays du Maghreb. Le rôle principal a été joué par un Marocain alors que celui de la femme a été joué par une Tunisienne. Cela s'explique, assure le réalisateur, puisque ces pays sont confrontés au même problème du retour au pays qui les ont vu naître. Commencé il y a plus de quatre ans, le film ne fut projeté que récemment. La cause en est le manque d'argent dont a eu à souffrir le producteur Ali Ghanem. Visiblement désarçonné, il assure sans trop sourciller que c'est « un film sans argent », il nous arrive d'arrêter et de reprendre aussitôt pour payer tous ceux qui étaient sur le tournage du film. En dépit des sponsors, Sonatrach et Mobilis en l'occurrence et la participation de l'ENTV, les choses ne sont pas allées si vite, se contente de dire Ghanem.