Sadek Boussena, professeur à l'Université Pierre-Mendès-France (Grenoble), conseiller spécialisé énergie auprès de Société Générale, ancien ministre de l'Energie (de 1988 à 1991) et ancien président de l'OPEP. L'arrivée de deux nouveaux membres (Equateur, Angola) peut-elle renforcer la position de l'organisation ? Oui. D'abord parce que les pays membres sont ainsi plus nombreux sur le marché. Ensuite parce que, à terme, si l'Opep doit augmenter sa production, ils permettront d'alléger le fardeau, en particulier pour ceux dont les réserves commencent à s'épuiser. Rappelons que l'Angola compte produire de plus en plus. Certains experts disent que l'OPEP ne « fait » plus le prix du baril. Est-ce que c'est vrai ? Je suis plus nuancé. Si elle n'a plus la prétention de dicter les prix, elle a les moyens de les influencer. Mais sa fonction régulatrice n'est pas complète. Elle peut freiner la chute des prix mais ne peut pas empêcher leur flambée, parce que les réserves de pétrole ne sont plus suffisantes pour inonder le marché en cas de spéculation. En résumé, elle est une force importante du marché, avec les grandes compagnies internationales, les pays non-OPEP et les pays consommateurs. Est-ce que le dollar comme monnaie d'échange du pétrole est un dogme dépassé et qu'il faut passer à l'euro, comme le demandent l'Iran et le Venezuela ? Non. Parmi les trois fonctions essentielles du dollar — unité de compte, moyen de paiement, fonction de réserve — certaines pourraient être remplacées par l'euro mais pas toutes. La monnaie va être amenée à jouer un rôle plus important — on pourrait par exemple vendre le gaz en euros puisqu'il est surtout vendu en Europe — mais sa crédibilité n'est pas encore assise.