Ni pour ni contre, bien au contraire. » Cette formule résume beaucoup de prises de position de Abdelaziz Belkhadem qui s'est exprimé jeudi à Oran lors d'une conférence de presse qui a précédé le meeting qu'il a animé à la salle omnisports d'Es Senia. A commencer par l'épisode de la venue du chanteur français Enrico Macias. « En tant que chanteur oui, mais mon idée à son sujet n'a pas changé car c'est quelqu'un qui a chanté pour la tsahal (armée israélienne) et est partisan (une idée maintenant dépassée, ndlr) du concept de l'Algérie française. » Plus loin, il ajoute : « S'il fait partie de la délégation présidentielle française, Sarkozy est l'invité de l'Algérie. » La question ne lui a pourtant pas été posée en tant que simple citoyen pour donner son avis mais bien en tant que chef du gouvernement, donc bien placé pour participer aux prises de décisions. Même cas pour le phénomène des harraga dont il a tenté de minimiser l'ampleur. « Combien sont-ils ? », a-t-il rétorqué avant d'affirmer que l'émigration clandestine a toujours existé mais que la nouveauté réside seulement dans le risque encouru par ces citoyens qui tentent l'aventure dans des embarcations de fortune. Mieux encore, il va se référer à ce que, dit-il, quelqu'un lui a confié à Tiaret : « Les jeunes ne veulent plus travailler la terre, ils délaissent leurs mères. » Or le phénomène des harraga concerne, dans une très large mesure, les villes côtières et non pas les régions à vocation agropastorale. Il voudrait bien que les jeunes reviennent travailler dans l'agriculture et le bâtiment qui manquent de main-d'œuvre mais il ignore que ce sont les secteurs où les conditions de travail sont les plus infernales pour un pouvoir d'achat insignifiant. En sa qualité de chef de parti, le cas d'Oran étant, selon lui, unique pour « la vacance de la mouhafadha » (alors que le colonel Abid la revendique pour s'y être installé), il a promis que ce problème organique va être réglé après les élections. A la question de savoir s'il allait nommer, comme le prévoient les textes du FLN promulgués lors du 8e congrès, celui qui a intronisé Benflis, il a répondu : « Oui je le ferai. » Jusque-là, depuis le début de la crise, M. Belkhadem s'est toujours gardé d'intervenir, du moins directement, dans les affaires du parti à Oran, laissant toutes les parties travailler en son nom. Là aussi, tout va pour le mieux pour lui du moment que « les tendances du FLN se résument à des velléités de vouloir choisir un chef de file mais toujours au sein du parti et tous sont d'accord sur le programme ». Il reconnaît cependant que le travail effectué par la commission installée pour s'occuper de la dimension organique n'a pas pu associer tout le monde et c'est pour cela qu'elle s'est contentée de gérer les listes électorales. Conséquence : hormis l'aile du colonel Abid qui n'est pas venue l'accueillir, beaucoup de militants sont allés rejoindre le FNA et même, conjoncturellement, le RND. Au sujet de l'assainissement du conseil national, il a affirmé que des membres de droit, en perdant leur qualité, n'ont plus de raison de siéger au sein de cette instance. M. Belkhadem est ensuite revenu sur la rumeur concernant sa démission de la chefferie du gouvernement pour démentir fermement en expliquant : « C'est dans la prérogative du chef de l'Etat de nommer un chef du gouvernement, et si je dois démissionner c'est que j'ai un différend avec le Président. Or ce n'est pas le cas. » Tout en affirmant qu'il n'y aura pas non plus de remaniement ministériel, attribuant également cette prérogative au chef de l'Etat, il a réitéré son appel à un troisième mandat. Dans la démarche du SG du FLN, « le tout va bien » a surtout caractérisé son discours de campagne devant un parterre qui semble avoir été instruit pour faire un maximum de bruit. « Dieu merci, Oran a résolu le problème de l'eau, Dieu merci Oran a résolu le problème du logement », pense, à tort, M. Belkhadem.