Après sept jours d'émeutes, la ville de Ouargla a renoué avec la vie normale d'avant samedi dernier. Le dispositif sécuritaire exceptionnel, la décision du wali de prendre en charge les doléances exposées par les notables, la démission du directeur régional de l'ANEM et enfin l'engagement du wali d'ouvrir une enquête concernant la gestion des offres d'emploi a une fois de plus convaincu. Même si des rassemblements continuent d'être observés le soir dans les quartiers chauds, les affrontements ont cessé. Après les derniers rebondissements de la semaine, à savoir la démission forcée de M. Messaoudi, directeur régional de l'emploi, et la libération de la majorité des jeunes arrêtés durant les affrontements avec les forces de l'ordre, mis à part cinq personnes qui passeront devant le juge lundi, une réunion entre l'exécutif et les élus a eu lieu jeudi soir au siège de la wilaya à huis clos. Au moment même où la situation risquait de faire sombrer la ville dans des affrontements sans fin entre émeutiers et forces de l'ordre, vu que le noyau dur de Mekhadma occupait toujours la rue, le wali invitait les élus des différentes assemblées locales et nationales à une réunion pour débattre de la situation et susciter leur aide pour calmer les esprits. Ni la presse ni les soi-disant notables et chefs de tribus censés parler aux jeunes n'étaient conviés à cette rencontre, mais les sénateurs ont réussi à imposer les notables de Mekhadma qui ont exposé les revendications des jeunes. Des jeunes maîtrisés grâce à l'encerclement musclé de la zone d'émeute. La ville, qui risquait l'embrasement total après les événements de la Silice et le blocage de la route à Saïd Otba, a en effet été assujettie à un dispositif sécuritaire qui a cantonné chaque groupe de jeunes dans son quartier pour éviter la propagation de l'émeute. Ainsi, l'interpellation systématique des jeunes s'adonnant à l'incinération de pneus ou au jet de pierres, voire la tentative de s'attaquer à des édifices publics, a permis d'éviter la prolifération d'actes de violence. Mais c'est le message d'apaisement apporté par certains notables et élus qui a convaincu les émeutiers. Il y eut donc « la relaxe des émeutiers non poursuivis par la justice », « la promesse de relâcher les cinq autres s'il ne s'agit pas de repris de justice », et enfin cette décision du wali de « créer une commission de suivi du dossier de l'embauche, voire d'initier une enquête sur la gestion antérieure de ce dossier ». La population est choquée par le retour de la violence dont elle fait les frais et pour laquelle les autorités locales ne prennent pas les devants malgré les prémices connus de tous. Le dossier de l'emploi posé bien avant 2004, qui a été le motif « annoncé » des émeutes de la même année, n'a pas encore trouvé de solutions réelles. Ni les décisions gouvernementales d'alors ni celles d'aujourd'hui n'ont cerné le problème dans ses vraies dimensions, preuve en est la persistance du malaise qui devient un prétexte tout trouvé pour différents groupes d'intérêts qui en profitent pour doper la colère des jeunes et aiguiller leurs réactions violentes.