Le secrétaire général du RND estime qu'il faut cesser d'exiger à la France de se « repentir » et que l'heure est aux relations d'« Etat à Etat » Cette déclaration augure-t-elle un changement dans le programme du RND ou s'agit-il d'un courant de pensée qui se prévalerait au sein du pouvoir ? Le consensus qui caractérisait jusque-là l'épineuse question du pardon de la France pour ses crimes commis en Algérie semble rompu. En effet, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, estime qu'il faut cesser d'exiger à la France de se « repentir » et que l'heure est aux relations d'« Etat à Etat ». « Je ne crois pas que cette question soit primordiale pour l'Algérie », s'est justifié le patron de la deuxième formation politique lors de l'émission « Baramijouhoum » (ndlr : Leurs programmes), diffusée récemment par l'ENTV. L'ex-chef de gouvernement, chef d'un parti membre de la coalition présidentielle au pouvoir, a laissé entendre qu'il agissait en tant que « personnalité du pouvoir ». Ahmed Ouyahia connu pour son éloquence et sa parfaite maîtrise des grands dossiers de l'Etat affichait une attitude sereine lorsqu'il a lâché le mot. Pour donner du crédit à cette sortie, le prédécesseur de Belkhadem a évoqué le défunt Houari Boumediène qui, à ses yeux, n'avait jamais exigé une demande pareille à Paris. Pour Ahmed Ouyahia, Boumediène, le nationaliste, avait même appelé à tourner la page « sans pour autant la déchirer ». La déclaration faite par l'invité de « Baramijouhoum » augure-t-elle un changement dans le programme du RND ou s'agit-il d'un courant de pensée qui se prévalerait au sein du pouvoir ? En tous les cas, Ahmed Ouyahia tient à se situer en dehors de la ligne du FLN et du MSP, deux autres formations de l'Alliance présidentielle. A contre-courant du SG du RND, le ministre des Moudjahidine, à l'instar du chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, remettent de nouveau sur le tapis la question de la repentance à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy à Alger. Pour rappel, dans une interview accordée au journal français Le Monde du 3 mai 2007, Belkhadem a accusé Nicolas Sarkozy de vouloir « réhabiliter l'Organisation de l'armée secrète » (OAS), « une organisation criminelle, une organisation terroriste du même type qu'Al Qaïda aujourd'hui ». Lors d'une visite en novembre 2006 à Alger, le ministre de l'Intérieur français, Nicolas Sarkozy, avait déclaré que la France n'avait pas à se repentir, ce qui a courroucé l'opinion publique algérienne. Les officiels algériens n'avaient pas jugé utile de le « remettre à sa place », avait commenté un haut responsable sous le couvert de l'anonymat. « D'où la persistance de Ahmed Ouyahia de raser la table, de rappeler à Paris ses engagements envers un Etat souverain et surtout pour ne pas à subir l'humiliation de trop », commente un observateur.