Rebondissement dans le scandale de la Générale des concessions agricoles (GCA). Selon des sources judiciaires, le parquet de Ouargla vient de placer sous mandat de dépôt le directeur régional de la GCA, alors qu'un entrepreneur a été quant à lui mis sous contrôle judiciaire. En une dizaine de jours, une quinzaine de personnes, notamment des dirigeants de sociétés privées ayant bénéficié de marchés dans le cadre du développement de l'agriculture à Ouargla, El Oued et Tamanrasset, ont été convoquées par le parquet et leur audition se poursuit toujours. Selon nos interlocuteurs, les investigations pourraient aboutir à des révélations encore plus importantes que celles parvenues de la ville de Djelfa. Une ville où le parquet a déjà inculpé 46 personnes dont 7 placées sous mandat de dépôt, 14 sous contrôle judiciaire et 3 ont fait l'objet de mandats d'arrêt. Les chefs d'inculpation sont, entre autres, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et passation de contrats en violation avec la réglementation en vigueur, perception d'avantages illicites. Il s'agit en fait du plus grand scandale auquel a été confronté cet établissement, créé vers le début 2000 par le président de la République, pour soutenir, aider et encourager le développement de l'agriculture dans les régions du Sud. Sur un budget de 52 milliards de dinars alloués, 40 ont été déjà consommés dans des projets affectés à des entrepreneurs privés et dont la réalisation n'a pas eu lieu dans la majorité des cas. Sur instruction du président, une mission de l'Inspection générale des finances (IGF) s'est déplacée une première fois, puis une seconde fois, et a levé le voile sur un immense trafic ayant généré d'importantes pertes financières. Ainsi, l'IGF a fait état dans son rapport adressé au ministre de l'Agriculture, vers la fin du mois d'août dernier, entre autres des doubles paiements de situation de travaux jamais réalisés, des trop-perçus sur des rémunérations. Pour la Cour des comptes, la GCA a rarement recouru à l'appel à la concurrence et s'est contentée plutôt de la pratique du gré à gré dans l'attribution des marchés à « des entreprises ne disposant souvent pas, a priori, des capacités financières, matérielles et techniques à même d'exécuter les travaux spécifiques qui leur ont été confiés dans les meilleures conditions de délais et de qualité ». De plus, un nombre important de projets a été engagé par des entreprises sans la passation de contrats définissant les conditions générales d'exécution des travaux et en l'absence des cahiers de prescriptions spéciales qui précisent les normes et les spécifications techniques des travaux ou des équipements à fournir. « La procédure consistait à autoriser ces entreprises à entamer des travaux sur terrain par le biais de simples lettres de commande établies par la direction générale ou par les directions régionales qui ne sont d'ailleurs pas habilitées à établir de tels documents (...) ». En outre, l'IGF a souligné que certains projets ont bénéficié d'un financement sur le fonds de la GCA sans pour autant qu'ils soient prévus et autorisés par les décisions et encore moins validés par le comité ad hoc. Pour de nombreux agriculteurs et professionnels, les ramifications de ce scandale à travers d'autres wilayas du Sud, dont El Oued, Ouargla et Ghardaïa, sont les plus graves et les plus importantes, dans la mesure où les montants détournés sont de loin plus élevés et risquent d'éclabousser de hautes personnalités de l'Etat, qui auraient agi en utilisant des prête-noms. Ce qui a laissé dire au procureur général près la cour de Djelfa que l'enquête n'est qu'au stade préliminaire. Ainsi, près de 7 mois après que l'affaire soit ouverte à Djelfa, c'est autour du parquet de Ouargla d'ouvrir le dossier de ce que certains n'hésitent pas à qualifier d'un Khalifa bis. Des sources judiciaires affirment que l'étau se ressert autour des prête-noms et il n'est pas exclu que l'instruction arrive à lever le voile sur ce scandale.