Au delà des résultats, de la satisfaction des uns et de la désillusion des autres, l'opinion publique locale semble être réveillée, au lendemain du scrutin, toujours aussi partagée sur la nouvelle recomposition politique dans les assemblées élues. Dans le fond, diront certains, le personnel politique, à des degrés différents, reste le même et n'a pas beaucoup changé, bien que parfois beaucoup d'élus, dont des maires qui ont fait dans la transhumance, leur credo se sont retrouvés intronisés, pour la énième fois à la tête de certaines APC. A Tiaret, dans une première lecture des chiffres livrés en vrac par l'administration locale, sans détails pour les médias locaux, il apparaît clairement que le FLN reste la première force dans la wilaya, talonné de près par le frère ennemi, le RND, pour s'en suivre l'émergence du FNA et, à un degré moindre du PT, au moment où les partis islamistes perdent des plumes. Une véritable bérézina. Des 13 partis en lice pour s'adjuger les 42 communes et l'assemblée de wilaya, le FLN version Abdelaziz Belkhadem a raflé l'APW, avec 17 sièges, et s'octroie la majorité absolue dans 16 APC, tout en restant en ballottage dans 6 autres. Le RND, comme une ombre du vieux parti, suit avec 9 APC et reste en ballottage dans 7 autres. Un chassé croisé qui a fait tomber dans l'escarcelle de l'une ou de l'autre formation des APC, jusque-là traditionnellement acquises. Percée du RCD Certaines APC FLNistes, jusqu'à la moelle des os, sont revenues à des formations comme le FNA et à un degré moindre au PT, notamment à Aïn Hedid dans la contrée de Larbi Belkheir et à Takhmaret, pour le FLN, et le basculement de communes fétiches jusque-là cataloguées RNDistes vers le FLN. Vainement d'ailleurs. Au chef-lieu de wilaya Tiaret, le retour aux affaires de l'ex-maire Bekki Omar, poussé à la sortie en 2001 pour une sombre affaire de gestion de l'AFCOT (agence foncière), toujours mal éclaircie pour l'opinion publique locale, reste différemment interprété. Sorti vainqueur à presque 50/50 avec le FLN et avec une différence de 470 voix pour un siège de plus, le RND, en jouant cette carte, a certes drainé des foules mais la composition du conseil risque, si aucun compromis n'est trouvé, de retremper cette assemblée dans une difficile cohabitation. La lecture des premiers résultats fait bien ressortir quelques éléments nouveaux à prendre en considération, comme cette avancée considérable du Parti des travailleurs qui s'adjuge 5 APC. Serghine, la commune recluse de la wilaya, qui se trouve à 160 km du chef-lieu, Aïn-Dzarit, Sidi-Hosni, Rahouia et surtout l'antique Ksar-Chellala, qui récolte apparemment le fruit d'une crise politique aiguë, induite par la mauvaise gestion des affaires sur fond de dilapidation de biens publics par l'ex-P/APC d'obédience FLN. Nouveauté dans ce décor politique ainsi planté, la percée timide du RCD qui s'adjuge trois sièges, dont deux à l'extreme-est de la wilaya, dans la commune de Zemalet Emir Abdelkader, dans une liste conduite par le maire sortant. L'on signale aussi l'échec du FFS qui se présentait pour la première fois dans trois communes (Sidi Hosni, Si Abdelghani et Ksar-Chellala). S'agissant des listes indépendantes, celle présentée à Sougueur, dite « El-Moustakila », conduite par le maire sortant, a subi les foudres du revenant P/APC des années 70/80, Bessadet, et de ses nombreux soutiens qui s'octroient en plus la majorité absolue de 9 des 15 sièges à pourvoir. Pour l'APW, Kadda Kaddour, le cadet, va céder la place à son frère aîné, banquier à la retraite et ex-défenseur de la JSMT des années fastes.