Linauguration cette semaine du Mama, le Musée national d'Art moderne et contemporain d'Alger, dans les anciennes Galeries algériennes, a permis de redécouvrir ce monument de l'architecture néo-mauresque. A cette occasion, son architecte, Henri Louis Paul Petit a été évoqué. Ce français, né à Paris en 1856, fut une des grandes figures de l'école néo-mauresque, même si l'on a retenu surtout le nom du chef de file de cette tendance, Henri Voinot, auteur de la Grande-Poste, etc. Après des études à l'Ecole des Beaux-arts de Paris, achevés en 1873, Petit se rend en 1880 à Alger sur proposition de l'architecte parisien Louis Dauphin qui lui propose de le seconder en tant qu'inspecteur des travaux des écoles supérieures, soit l'embryon de ce qui deviendra l'Université, dite Faculté centrale (rue Didouche Mourad). Réalisant toutes les opportunités qui s'offrent en Algérie, il décide de s'y installer. Il exerce en tant qu'inspecteur au service d'architecture du Gouvernement général. A ce titre, il suit la construction du Palais Consulaire (auj. Chambre de commerce) en 1893. On lui doit aussi plusieurs docks du port ainsi que la rampe Bugeaud (auj. Ben Boulaïd) qui relie la Grande-Poste à l'hôtel Aletti. Sa contribution au néo-mauresque se manifeste à travers l'Institut Pasteur (ancien siège du Hamma), la medersa Thaâlibya (auj. Bencheneb) en 1905, près du mausolée de Sidi-Abderrahmane, et, l'année suivante, le siège du journal La Dépêche algérienne (ex-Librairie du Parti, siège du RND) au dessus de la Grande-Poste. Parmi ses œuvres remarquées, figurent l'église anglicane et son presbytère-bibliothèque (1908) qui sont souvent indûment attribués à l'architecte anglais d'Alger Bucknall. Rattachée au siège de l'Ambassade de Grande-Bretagne (carrefour supérieur du Palais du peuple), le clocher de cette église en forme de minaret n'a pas été restauré depuis le tremblement de terre de 2002, son sommet en forme de dôme ayant été détruit par la secousse. A ce propos, on peut noter que la plupart des édifices néo-mauresques se sont bien comportés face à l'aléa sismique. Par la suite, il réalisera plusieurs immeubles et maisons. Il reviendra au néo-classique avec l'immeuble du Bon Marché (ne pas confondre avec l'actuel, aujourd'hui fermé), place Emir Abdelkader, et qui abrite à l'angle de son rez-de-chaussée, le Milk-Bar. Ce bâtiment, conçu avec l'architecte Garnier en 1920-1921, constitue la dernière intervention d'importance de cet architecte qui, en dehors de la medersa de Tlemcen (1907 ?), a toujours travaillé à Alger où il a été enterré en 1926.