A en croire M. Ourif, les anciennes Galeries algériennes (sises à la rue Larbi Ben M'hidi) accueilleront bel et bien un musée d'art moderne. Celles-ci auraient été définitivement versées - depuis quelques mois déjà - au secteur de la culture et la « décision d'affectation a été signée et notifiée par le chef du gouvernement », assure le galeriste de Riadh El Feth, présenté par le chef de cabinet du ministre de la Culture comme le chef du projet en question. Le réaménagement de ces lieux considérés comme un monument à caractère historique, comme le qualifie M. Ourif, devrait s'ébranler au 1er trimestre de l'année prochaine. « Nous avons un échéancier. Le musée doit être prêt avant février 2007 », assure-t-il car Alger, en cette période, sera pour la circonstance la capitale culturelle du monde arabe. Après des épisodes rocambolesques liés entre autres à sa vente aux enchères (du moins la tentative !), dont l'ancien Groupe Khalifa avait été, pour un temps, l'acquéreur « virtuel » avant qu'il ne soit déposé par le ministre des Finances en juin 2002 - l'esclandre à 120 milliards de centimes a provoqué, pour rappel, le limogeage de l'ex-liquidateur du patrimoine de l'ex-EDGA et du directeur des Domaines de la wilaya d'Alger - et l'annonce fanfaronnée de sa transformation en espace culturel décidée par le Conseil des participations courant juillet 2003, les ex-Galeries algériennes, anciennement Galeries de France, auront peut-être cette fois-ci trouvé un client de premier choix : l'art. Pourvu que ce soit vrai et non une énième fausse alerte, diront certains. En tout cas, le chargé du projet, M. Ourif en l'occurrence, qui tient une galerie d'art moderne et contemporain depuis une vingtaine d'années, connaisseur, expert dans le domaine, formé en histoire de l'art et muséographie, en est tout convaincu. « Le budget a été dégagé dans le cadre d'‘'Alger, capitale de la culture'' », souligne-t-il, avant de préciser que le commissaire général de ce « rendez-vous artistique » fera prochainement une communication qui portera sur les programmes concoctés et sur les fonds alloués. Mais pourquoi veut-on placer un musée d'art moderne dans un monument centenaire ? Faute de goût ou urgence de l'événement ? Le galeriste, à l'image de l'équipe de réflexion mise sur pied au ministère de la Culture, a une autre opinion sur le sujet. « Ce n'est ni un contraste ni un travail imposé par l'urgence. Il s'agit d'un choix artistique », se défend-il. L'idée, selon lui, est que ces galeries seraient par ce choix « préservées ». Produit type d'une architecture néo-mauresque, conçu au début du siècle écoulé sous l'influence d'architectes du courant orientaliste et l'impulsion d'artistes comme Eugène Delacroix..., l'établissement est à ce titre considéré comme un joyau architectural. « La seule façon efficace de le sauvegarder est d'y introduire un projet culturel et d'y faire un musée d'art moderne qui n'est pas antinomique avec son aspect architectural. Les visiteurs verront le monument en tant que tel, puisqu'on va conserver la façade et, à l'intérieur, on va procéder à un aménagement qui mettra l'accent sur le côté moderne et contemporain. L'aménagement, le mobilier, le parcours, la décoration... valoriseront davantage l'architecture du site. » L'aménagement ne touchera en premier lieu qu'une partie de l'édifice. Le restant est ajourné pour la fin du « festival ». « Alger, capitale culturelle » accueillera en 2007 des expositions d'artistes plasticiens, designers, photographes. Un appel à concours sera lancé dans un proche avenir en direction des architectes pour sélectionner un projet de réaménagement. Le cahier des charges, précise le responsable du projet, stipulera que dans les travaux qui seront réalisés la « part belle sera faite à l'art moderne », qui sera « l'élément principal » et constitutif. Les Galeries algériennes ont été choisies parce qu'elles offrent, aux dires de notre interlocuteur, l'espace nécessaire pour l'accueil d'expositions lourdes et volumineuses. « On a besoin d'une grande superficie pour exposer les pièces importantes et le lieu s'y prête », enchaîne-t-il. Pour M. Ourif, avec toutes les générations d'artistes qui sortent des écoles d'art algéroise et régionales, il est temps de mettre en place un musée d'art moderne. « On a des jeunes designers brillants, connus à l'étranger mais pas chez eux. Donc, c'est pour cette raison et pour que le public algérien puisse découvrir d'une manière correcte sa peinture qu'on a proposé aux pouvoirs publics de créer ce musée. La peinture algérienne est une peinture moderne (...) et la formation qui est dispensée dans les écoles d'art doit déboucher sur des carrières artistiques. Le musée, qui sera créé officiellement début 2006, permettra aux artistes algériens de se faire connaître. Le musée pourra ainsi acquérir des œuvres pour qu'elles soient versées dans des collections publiques, de les conserver et de les transmettre aux générations futures », conclut-il.